mercredi 10 septembre 2008

Why so serious ?


Le buzz est énorme ... les prescripteurs m'ont invité à oublier tout à-priori face à ce nouvel opus de l'homme chauve-souris, et de foncer dare-dare remettre en cause ma vision du bien et du mal.

BA'MAN ! Le caped cruisader, like a bird on the wire, le justicier dont les nuits sont plus belles que nos jours, quand son rôle de l'ennuyeux rentier Wayne cède la place à la cape rock sans l'épée.
Mais qui a peur de Batman ? Dorénavant, plus grand monde. Le comic hero devient, en un épisode, un personnage banni, l'un des fantômes de Gotham City, celui qui chute de son piédestal et que l'on finit par appeler en espérant ne pas le voir venir, à l'image d'un Candyman devant notre miroir.
Demi-dieu certes, mais dans cet épisode surtout demi-mortel, avec toute la cohorte de doutes du faillible incorruptible, et loin d'être LE personnage central.
Batman paraît ici bien pâlot face à ce maître de la blague mortelle qu'est le Why-so-serious Joker, et face au visage Face-off de Harvey Dent (Aaron Eckart qui est bon mais a du mal à nous faire oublier son côté gendre idéal). Ce sont eux les vrais Dark Knights, et ce film un tour à 360 degrés de la définition de la Morale.

Christian Bale a pourtant été un beau syphonné Patrick Bateman, rôle de psychopathe s'il en est, dans American Psycho, avec une palette de jeu plus fine que ce qu'il nous présente ici.
Aaron Eckart aka H. Dent, quant à lui, ne devient intéressant que lorsqu'il quitte son physique "lisse" (spoiler spoiler) de symbole de l'establishment ultra-vertueux.
Les acteurs oscarisables se partagent ici l'affiche. Eric Roberts est une fois de plus (de trop?) un truand, Maggie Gyllenhal manque du peps qu'elle avait en Secrétaire maso, son rôle de talon d'Achille de Batman étant moyennement exploité, et Morgan Freeman n'en sort plus de ses rôles de vieux sages ...
Mais Gary Oldman (3ème british du film avec Michael Caine et C. Bale) et M. Caine campent avec classe leur rôle de pom pom girls de la vertu tranquille ou risquée.

Trève de tralala, Apocalypse now ! On attend impatiemment l'arrivée du feu d'artifice, qui tient plus ici du champignon atomique, véritable dark knight de cet opus, j'ai nommé the Joker.
Alors, Joker ... Joker ... Joker ... Joker ... Joker, celui dont on scande le nom devant notre miroir en espérant, lui, le voir rapidement apparaître pour mettre une louche de piment dans de bons sentiments fadasses.
Heath Ledger, celui par qui le chaos arrive et qui sonne le glas de l'interprétation de Nicholson.
Son Joker nous rappelle tous ces villains ou héros ambigüs qui ont hanté les pellicules : de The Crow (avec Brandon Lee, qui léguait aussi inconsciemment son testament ciné, vu qu'il a disparu en plein tournage) à Alex dans Orange Mécanique.



Nouvelle ère, nouvelles moeurs. Ce nouveau Joker est bien évidemment aussi méchant qu'un Jafaar face à un Aladin sur son tapis volant, mais il est bien plus perverse car plus difficile à détester. Trop facile.
Il est celui par qui l'équilibre arrive, le Mal qui justifie le Bien, celui qui ébranle les convictions bien-pensantes pour mieux les ancrer, celui qui crée le capharnaüm pour apprendre à mieux jouir de l'Ordre, il est l'Anarchiste suprême ... et celui qui a les meilleures vannes !

Look débraillé à la mode d'une Vivienne Weswood (cet article justifiant mon raisonnement), faisant de lui un Punk Hero que Curt Cobain, les Cure ou Sid Vicious ne renieraient pas. Epouvantail classieux, il fait face à cette Justice League of America que Batman et Dent (1st part du film) représentent à merveille. Son visage est aussi cabossé que n'est ennuyeusement parfait celui des Bruce Wayne et Harvey Dent, et son sourire de Killer Clown est celui de qui ne prend rien au sérieux et se rit de voir une cité-marionnette et ses héros basculer aussi vite dans le chaos, sous ses baguettes de maléfique Master of Puppets (à noter la ressemblance avec Lars Ulrich, le batteur de Metallica).

D'ailleurs, les explications sur son laaarge sourire demeurent un mystère. Ils donnent bien quelques explications lors de ses inévitables monologue de méchant de service, mais laquelle croire : Why so serious, ou celle de l'époux fou amoureux ?


Etant donné que nous sommes, tout de même, dans une adaptation de comic, le spectacle est largement de la partie.



Au 1er plan, Gotham-Sin City, aimant à crime, filmée ici dans la superbe et étouffante Chicago. Reconnaissable entre 1000, elle a peut-être été choisie pour son symbole dans l'imaginaire collectif de capitale passée de la prohibition, des luttes entre des gangsters notoires, type Al Capone, vs des incorruptibles notoires, type Eliott Ness ? Elle a aussi l'avantage de tous ses buildings à la vue imprenable et au toits très pratiques pour s'envoler dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre etc etc ...

Et nous prenons plein les mirettes les scènes d'envol de Batman, quelques vroum vroum poursuites Joker vs Batman (à noter un renversement d'un semi-remorque dont on se souviendra), et des effets spéciaux impressionants pour nous montrer le "mauvais profil" de Harvey Dent !

Ceux et celles qui ont fini par céder à l'appel des sirènes de cette traduction ciné de comic, digne de ce nom, en sont ressortis plutôt époustouflés. Qu'il soit devenu un énorme succès au box office mondial ne devrait pas vous en éloigner ... La majorité a parfois bon goût.

P.S : Les amateurs de kamehameha connaissent la sortie prochaine de l'adaptation Ciné de Dragon ball Z. A vue de nez, le navet se profile à l'horizon, mais qui vivra verra.
Et pour finir sur un sourire moins maléfique, il y aura toujours les Wall-E, petit robot aux yeux de biche dont les Eveeeee nous décochent à coup sûr des sourires plus qu'attendris. C'est très mignon, sans une once de perversité et on s'en délecte tout autant ... en attendant impatiemment l'héroïne folichonne de Happy-go-Lucky.

dimanche 1 juin 2008

Chopez la Dengue Fever


Finalement, ça mérite plus un post, histoire de tamponner cette découverte de manière pérenne.
Partez donc à la découverte de ce groupe pop rock americano-cambodgien, à travers un album qui nous emmène quelque part du côté de Phnom Penh, avec de fortes influences rétro.
Mes morceaux préférés : Sober driver (la 5) et Integration (la 7).
Cliquez sur la pochette de l'album pour trouver les votres.

Yop attack !

Cette semaine, j'ai fais connaissance avec une petite demoiselle ivoirienne qui communique par bulles interposées. Et en VO ivoirienne s'il vous plaît !
Aya de Yopougon est le personnage central d'une BD, en 3 tomes, qui a fait grand bruit au festival de la BD d'Angoulême, il y a 2 ans.



Jeune ivoirienne de 19 ans, Aya vit dans le quartier le + peuplé d'Abidjan baptisé Yopougon, ou Yop City. Elle ambitionne des études sérieuses pour éviter la trilogie des 3 C qui sévit parmi les adolescentes du quartier : Coiffure, Couture et Chasse au mari. On est en 78, donc le quartier vit dans l'insouciance d'une époque où ma petite entreprise ne connaît pas (encore) la crise : peu de chômage, pas de Sida, pas encore de putschs. Le pays vit encore ce que l'on appelait "le miracle ivoirien".


Actrice d'un Yopougon plutôt joyeux, Aya observe le monde qui l'entoure, ce quartier et ses mini-drames qui prêtent plutôt à rire.

Ses amies, Adjoua et Bintou, beaucoup moins sérieuses, ne pensent qu'à gazer (faire la nouba), en courant le génito (jeune "coq", dragouilleur, flambeur bling bling) et en allant remuer du tassaba (je vous laisse deviner) dans les maquis (restos discothèque).

Une dolce vita un peu inconsciente, mais bien de leur âge, qui a parfois des conséquences !
Adjoua verra son ventre s'arrondir au fil des jours, et un point d'interrogation répondra à la question "qui est le père ?". L'enquête démarre et les méthodes d'investigation sont pour le moins originales. Photo du bébé à l'appui, les parents d'Adjoua feront la tournée des jeunes mâles du quartier à la recherche d'une ressemblance physique.

La trame de fonds est celle que vous venez de lire : une post-ado, son quartier, sa famille, ses choix, noyée sous une tonne de vitamines E et de rires en cascade ; et les mains qui n'en peuvent plus de bloquer une page pour se ruer sur le lexique en fin d'ouvrage.
Mais Aya ne se résume pas à un folklore africain avec ses pagnes et ses proverbes très brut de décoffrage mais hi-la-rants. Aya est surtout une jeune fille du tiers-monde, dans une époque encore relativement insouciante, déterminée dans ses choix, et qui jongle avec les traditions, les parents, les normes sociales, pour se frayer son propre chemin de vie.
Une belle âme et une Afrique qui tord le cou à cette vision post-coloniale condescendante que l'on nous tambourine à longueur de JTs. Donc à engloutir d'une traite !

Aya m'a également interpellé avec son Nouchi, un peu l'équivalent d'une darija ivoirienne, dont vous avez eu un aperçu un peu plus haut. Cet argot, véritable langue dans la langue, matérialise justement toutes les influences d'un pays aux racines fortes, ancienne colonie française, mais qui s'abreuve aussi de l'actualité pour inventer des expressions ou des mots.


Ce qui donne, entre le sourire et la sagesse :
Vas parler ça à l'ONU : Causes toujours, tu m'intéresses !
L'oeil qui a vu tarde à apprécier : celui qui a de l'expérience ne juge pas à la va-vite
Le célèbre Si tu empruntes le chemin de je-m'en-fous tu vas te retrouver au village de si-j'avais-su.
Ce n'est pas parce que l'éléphant a maigri que le chat va s'amuser à porter son caleçon.
Faroter : Frimer avec de la contrefaçon
Gaou : une personne out, pas branchouille
Beko : un bisou
Si quelqu'un est Goudri, c'est qu'il est pompette
Sans dessus dessous n'a pas la signification que vous lui connaissez. Elle s'emploie ici pour désigner une fille à la tenue aguicheuse, type sans dessous.
Si c'est Pozy, c'est que c'est cool
Et ma préférée : pour parler de système D abidjanais, on dit "Abidjan, c'est technique!" ;)


En attente du Père-Noël en chef pour réceptionner les tomes 2 et 3 !
Ceci dit, la version sur grand écran est en préparation (sortie en 2011, de quoi voir venir). Décidemment, Persépolis a créé des vocations.


samedi 24 mai 2008

Un Jeudi soir à Bamako

Rokia Traoré est une fée.

Une fée malienne, qui nous a quasi ensorcelé Jeudi soir durant son concert au festival Mawazine. Elle a commencé par nous blueser les tympans, instaurant d’emblée une aura de nostalgie propre à l’Afrique, puis au cours de ces quelques 1h30, a mêlé le blues-folk malien aux rythmes qui se sont fait plus chaloupés.

Et pour chalouper nous avons chaloupé, ayant tout de même l’impression par moments d’être un îlot sautillant dans un océan de statisme. La synergie de groupe d’un public fou sera pour une autre fois.
Le concert a été résumé par Rokia elle-même, sans doute sans le savoir, via cette jolie phrase que je me suis empressé de mémoriser :
Il y a des jours douceur de miel, et des jours amers de fiel.


Merci de noter que ce florilège perso a été filmé, petit «Canon» pacifique au poing, la visibilité parfois réduite, le bras qui fatigue, et l’oubli total que quand on danse en filmant, eh bien logiquement les images tanguent aussi. Je vous évite les parties avec les «waow», les «wouw», et les discussions intragroupe audibles où on se plaint d’avoir mal au pied ! Le partage a ses limites. :)

Sur ce, je vous laisse aller voir Withney Houston sniffer la poussière de la scène Nahda.

P.S : Nous serions bien rentrés plus en transe avec les géniales percusionnistes du groupe Gocoo, qui suivaient, mais à trop jouer les divas (presque 40mns d'attente), elles/ils ont poussé les casablancais claqués d'entre nous à reprendre le chemin du retour avant la fin.

lundi 12 mai 2008

"Waltz with Bashir" ou quand l'actualité tourbillonne autour de Cannes

A 2 jours du coup d’envoi de la 61ème édition du festival de Cannes, l’actualité moyen-orientale braque involontairement les spotlights sur l’un des 22 candidats à la palme d’Or.
A l’heure de ce qu’il convient bien d’appeler la nouvelle guerre civile libanaise, appuyé par une autre actualité de la région, le 60ème anniversaire de l’état sioniste, le film d’animation israélien « Waltz with Bashir » prend une nouvelle tournure.

Qui est donc ce Bashir ? Le synopsis ainsi que la bande-annonce nous indiquent clairement son identité.

L’histoire est une autobiographie, celle du réalisateur Ari Folman qui nous conte un trauma qu’il a occulté pendant près de 25 ans. Nouvellement enrôlé dans Tsahal pour son service militaire, il se retrouvera dans un Beyrouth 1982 à feu et à sang, aux lendemains de l’assassinat de Bashir Gemayel, le « valseur » en question.
Folman sera donc aux premières loges pour ce spectacle fou que fut la 1ère guerre libanaise, et notamment du massacre de Sabra et Chatilla (sujet déjà abordé ici en fin 2007).

Une actualité brûlante qui rejoue l’histoire 20 ans après sur les mêmes rives méditérannéennes, un citoyen israélien qui remet en cause l’un des crimes majeur de l’état auquel il appartient, Sean Penn et sa sensibilité toute droit de l’hommienne aux commandes du jury du Festival, un autre film d’animation, Persepolis, encensé sur les mêmes marches 1 an plus tôt …
... en regardant les extraits suivants, vous serez sûrement en train de visionner la palme d’Or 2008.

dimanche 27 avril 2008

La tour infernale

J’ai honte d’en faire même un jeu de mot cinématographique.
Ce post est une pensée émue pour les familles des 55 personnes disparues et des nombreux blessés dans l’incendie de l’usine de Lissasfa (proche banlieue casablancaise).

Un accident qui aurait pu être évité ou des responsabilités à pointer du doigt ?
En lisant les différents articles, certaines phrases clignotent :
« L’issue de secours était fermée, ça c’est sûr », « des barreaux aux fenêtres »
Pour rappel, c’est une usine de fabrication de matelas, donc le risque de propagation du feu est on ne peut plus décuplée. De ce fait, le plus élémentaire des bon sens veut que les possibilités de fuite en cas de sinistre soient possibles.

« Le feu s’est déclaré vers les 10h », « Les pompiers sont arrivés vers 14h ».
Ils seraient venus de Marrakech qu’ils seraient arrivés plus rapidement !
L’urgence de l’intervention face à un sinistre, surtout d'une telle ampleur, me semble également la définition de base du métier. Implication en environnement CSP C/D/E = ground zero !

Cet événement tragique vient malheureusement appuyer le constat qui, déjà, s’était imposé à la suite de l’effondrement de l’immeuble en construction de Kénitra, en Janvier dernier :
Mais qu’est-ce qu’on entend par normes de sécurité dans ce pays ?

A l'horizon du 1er Mai, j'espére que ce triste événement aidera au moins à engranger un vrai débat sur une politique sociale, en amont : droits du travailleurs respectés (notamment dans des environnements à risque), patronat juridiquement mis face à ses responsabilités par un système judiciaire crédible ...

Il y a trop de colères en ce pays, et des démonstrations de plus en plus nombreuses d'un ras le bol grandissant, de manière plus ou moins pacifiques. Est-ce qu'il faut vraiment attendre que la boule de neige grossisse, jusqu'à ne plus pouvoir la maîtriser, pour agir ?

dimanche 20 avril 2008

Carnets de route ou des rêves en bandoulière

Ces derniers temps, beaucoup de road trips ont défilé devant mes mirettes tantôt ébahies, tantôt déçues. Des films qui manquaient à ma soif ciné, jamais étanchée, ou l’un des fruits de la moisson plutôt réussie de ce 1er quadrimestre 2008.
Je ne les aborderais pas tous, mais me pencherais notamment sur ce Croc blanc sans loup qu’est Into the wild.
Rien de nouveau sous les tropiques, Zazie l’ayant déjà croqué sous sa plume, mais le voir enfin a entraîné 2 semaines de doigts qui ne demandaient qu’à courir sur le clavier.

J’ai beaucoup repoussé l’appel de Into the wild, sachant que je ne pourrais pas ne pas le voir … sachant surtout que je l’aimerais ET le détesterais.
Comme tous ces films qui mettent le doigt là où ça fait mal, mais qui en même temps sont bénéfiques justement parce qu’on apprend à reconnaître et faire face à un malaise.
Ne nous voilons pas la face. Ecrire est une démarche solitaire ! Oublions, pour l’instant, l’argument du partage.
Ecrire, c’est, avant tout, s’isoler face à la page blanche, et c’est aimer le faire.
Il faut donc accepter cette part d’ascète ou d’ermite en nous, qu’il convient tout de même de faire cohabiter avec notre animal social, au risque de s’isoler sur une chimérique île déserte.
Rien ne sert d’être aussi extrémiste.
Alex/Christopher a, lui, osé l’extrémisme. Jeune homme encore emporté par la fougue et l’idéalisme, il décide de partir sur les routes d’Amérique, à la recherche de réponses à une question qui, à la base est mal formulée.
Tendre Don Quichotte sans destrier, il part croit-il pour trouver sa vérité, qu’il pense trouver en étant en total communion avec la nature. Une démarche un peu christique, histoire de s’éloigner des marchands du temple (tous ces matérialistes qui s’ignorent) qui ont pervertis le monde.
D’ailleurs, sans vouloir dévoiler la fin du film, son visage amaigri et mangé par une barbe claire dans la dernière scène n’est pas sans faire penser au prophète du christianisme.
Bref, il veut faire peau neuve, et pour cela jette son costume de Christopher Mc Candless pour celui d’Alex Supertramp, un Super vagabond qui rencontrera sur sa route des hippies pas si joyeux, un vieil homme en quête de famille, un Vince Vaughn, gaillard un peu filou égal à lui-même, un bus magique au fin fonds de l’Alaska, et surtout une Mère-Nature qui se révélera bien plus cruelle que le monde des hommes.

Dans ce départ avec one-way ticket, sans le réaliser, ce sont plutôt ses parents qu’il fuit. Est-ce que j’irais jusqu’à dire que ce qui se voulait une quête initiatique n’était finalement qu’une banale fugue ?
Non.
Parce que tellement de messages remue-méninges se bousculent dans cette œuvre, qu’il serait injuste de ma part d’opérer un tel raccourci.
Le plus beau message que je retiendrais de Christopher Mc Candless, c’est cette conclusion magnifique qui s’imposera à lui :

« Happiness only real when shared ».

Les tuiles qui lui tomberont dessus commenceront vraiment à partir du moment où il s’isole, avec plus aucun autre être humain à portée de vue.

Après les très sombres, mais néanmoins très bons, 21 grams et Mystic River, Sean Penn nous promène ici dans une évadée lumineuse. Qui sait, peut-être même nous fera-t-il l’honneur d’un happy end dans 2 ou 3 films !

Mais on ne s’aventure pas toujours, sur les routes, poussé par ses guerres intérieures. Celles qui font rage de par le monde, sont aussi les muses de road trippin sur pellicules.

Aussi, je n’oublie surtout pas le très beau film iranien Le tableau noir, de la réalisatrice Samira Makhmalbaf, récompensé du prix du jury à Cannes, en 2000.
Suite à un bombardement en pleine guerre Iran-Irak, côté Kurdistan iranien, des instituteurs partent sur les routes à la recherche d’élèves.
Leurs imposants tableaux noirs sur le dos, il suivent les convois de civils sur les chemins montagneux et, au gré des rencontres ou des situations, voient leur tableau occuper différentes fonctions : rempart contre les tirs de snippers, porte éphémère pour une chambre de nuit de noces … tout sauf sa fonction première qui devrait être celle d’un vecteur de savoir.
L’Iran de Persépolis est très sympathique mais c’est un Iran bourgeois, un peu le Marock perse.
Dans Le tableau noir, c’est un Iran plus populaire et moins urbain que l’on découvre, sur fonds de survie et d’obligation d’errer sur les routes en évitant les tirs ou de tomber dans le ravin.
Les instits croiseront sur leur route une nuée d’enfants et d'adolescents contrebandiers, un vieil homme analphabète qui demande à ce qu’on lui lise la lettre de son fils, des vieillards … l’un des 2 enseignants s’amourachera même d’une veuve, avec à la clé une scène de drague complètement décalée, où il rame sévèrement en essayant de lui apprendre à écrire Je t’aime.

Sans vouloir faire une opposition bête et méchante entre le noir et le blanc, Le Ballon blanc est aussi une petite merveille du cinéma iranien.
C’est, si l’on n’est pas trop regardant, également une sorte de road tripping. Disons un street tripping, par un petit bout de chou et son frère qui partent acheter un poisson rouge pour la fête du nouvel an perse.
De condition modeste, leur mère leur donne les quelques pièces pour acheter ce poisson, mais leur route pour arriver chez le marchand sera semée d’embûches.
J’ai toujours pensé que le petit garçon dans Kramer vs Kramer était une des plus adorables petite chose que j’avais pu voir sur pellicule. La petite fille du Ballon blanc m’a fait changé d’avis !

Pour clore ces quelques réflexions sur la route, et d’ailleurs qui chantent ou qui pleurent, je vous conseille vivement de jeter un coup d’œil aux croquis de femmes du monde de ce casablancais de naissance qu’est Titouan Lamazou, ou aux aventures de Corto Maltese.
Dans ces quêtes du Graal imagées aux couleurs chaudes, on voyage et on se perd comme autant de Petit Poucet, aussi poétiquement que dans toutes les grandes vadrouilles filmées du monde :)
Titouan Lamazou

vendredi 11 avril 2008

Ventura sur lit d'asperges



Quand on est pudique, on est pudique !
Lino Ventura, sous ses airs de macho italien impassible, joue ici une scène d’amour avec Mireille Darc. La filiforme et longiline Mireille Darc, d'où son surnom de l'époque de Grande Asperge. Celle qui a joué une scène d’anthologie dans le grand blond avec une chaussure noire, où la naissance de ses cambrures apparaissait au bas d’une somptueuse robe noire au dos nu très profond, n’est ici non plus pas des plus farouches.
Des poses à la Angélique marquise des Anges (sur l'indispensable lit à baladaquin), sauf que le Geoffrey de circonstance ne quitte pas son smoking d’un iota. Pas un bout de peau qui dépasse.
Sacré Lino !

Les dialogues (du Audiard, forcèment) sont également e-xce-llent !« Moi je faisais des pâtés au Luxembourg, moi au parc Montsouris. Ils n’ vont quand même pas remonter jusqu’au biberon, non !? » râle Blier.
Du p'tit lait pour tout amateur/trice de cette clique des monstres sacrées du cinéma hexagonal.
God bless Youtube !

lundi 7 avril 2008

Qui de l’œuf ou de la poule ? (« corriger une justice à la main lourde » dixit Ali Amar)


Brève sur le mode interrogatif.

Le prisonnier des 3 rois, Mohammed Bougrine a été libéré de ses « engagements » envers le système carcéral marocain, le 4 Avril dernier.
Pas de poisson d’Avril tardif à incriminer, la nouvelle ayant déjà été largement médiatisée.
Que cela soit fait par grâce royale et non par voie judiciaire normale est un débat à part entière, que je ne veux pas aborder ici bas.
Ce qui m'interpelle, c’est l’éditorial du Journal Hebdo de la semaine, demandant justement, en toutes lettres, la libération du sieur en question, sachant que la veille de la sortie du Journal en kiosque, la libération avait déjà été annoncée en grande pompe.

D’où un grattage intensif de cuir chevelu accompagné d’un haussement de sourcils.
Est-ce un petit couac au niveau du timing ou est-ce que l'information a sciemment été rendu obsolète, en avançant la date de l'annonce de la libération de Bougrine, ainsi que celle de 16 autres détenus ? Ce serait avouer que les parutions de la presse dite d'opposition ont plus de poids qu'on ne voudrait l'admettre. Autre solution possible ... les polars déteignent sur mon imagination fructueuse :)

ARB, dans son édito Telquelien a, quant à lui, préféré aborder la polémique du court-métrage Fitna.
En décrivant les passages de ce chef d’œuvre d’humanisme et de compréhension de l’autre, il m’a ainsi très gentiment évité d’avoir à y jeter un coup d’œil. Chose dont je ne me sentais pas, non plus, des plus capables vu que, ces derniers temps, les scènes de décapitation en live ne me branchent pas plus que cela (je résume beaucoup).
Geert Wilders semble se prendre pour Dario Argento (réalisateur de films d’horreur de série Z) et un Michael Moore version bêtement raciste.

Encore une fois, qui de l’œuf ou de la poule ? Le vent d’anti-islam primaire qui souffle sur la vieille Europe est-il une conséquence ou l’origine d’œuvres ciné majeures telles que Fitna, ou d’œuvres picturales tout aussi obscènes sur les tombes du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette.

L’œuf ou la poule, après tout, cela n’a aucune importance. Au chapitre des droits de l’homme, quelque définition que l’on puisse leur donner, il y aura malheureusement toujours matière à noircir la page blanche.

dimanche 30 mars 2008

Mirleft express

Sous les pavés la plage ?
Une formule liée éternellement à Mai 68, mais pour profiter de notre beau long week-end de Noël national, notre plage nous sommes allés la chercher direction sud sud, à la recherche du beau temps. Nous avons trouvé et le beau temps et les plages, dans un Bagdad Café en bord de mer.



Mirleft (le prince des navets, en berbère) est une ville qui se vit comme un coup de cœur.

Avant de l’atteindre, on vit déjà un road movie fascinant. Des paysages à couper le souffle, des arrêts photo à répétition, les histoires qui défilent, des personnages hauts en couleur, le Maroc qui tient fièrement son 1er rôle.

Pluuuuuusieurs heures plus tard, au détour d’un virage, elle apparaît, l’air de rien. Au premier abord, il faut avouer que cette bourgade ne paye pas de mine.
On se dit que, comme d’habitude, les prescripteurs en ont trop fait.
Qu'à cela ne tienne. Passons la nuit, et au pire des cas, nous reviendrons jouer du coude avec la colonie casaoui qui a envahi Marrakech.

Nous n’aurons pas à le faire. L'âme de Mirleft va nous ensorceler à grand renfort de Tafoukt (soleil) et Aman (l'eau).

Le lendemain, nous partons à la recherche de l’iode et du sable blanc les plus enchanteurs.
Arrivés à El Gzira, le ciel nous tombe littéralement sur la tête. On peste pendant les 15 minutes où la pluie nous cantonne dans le café du coin, cerné par la gadoue.
On en profite pour filmer les pêcheurs, installés sur des chambres à air XL, et qui restent au large pour fuir le courant du rivage.
Puis le tafoukt le plus étincelant réapparaît, et nous nous ruons sur le sable, à la recherche d’une bronzette qui décimera temporairement cette blancheur d’aspirine.
A mi-cuisson, nous décidons de partir jouer aux amazones et Robinson Crusoë, à la recherche de renfoncements et grottes que nous trouverons et que nous mitraillerons à la japonaise, dans les postures les + invraisemblables.

La journée s’achève en mode écrevisse, et le soir, pas de folies. Ce n’est pas le lieu. Discussions et récits fascinants de baroudeurs globe-trotteurs autour d’un tagine berbère ou, pour les indécrottables citadins, dîner couci couca dans la maison d’hôte in (forcément en hauteur) du coin, voire un verre pas prétentieux dans l’hôtel bar référence de « l’avenue principale ».

Le lendemain, nous irons à la découverte du Mirleft vu d’en haut, et des villagillons alentours, au volant de petits bolides nerveux à 4 roues.
Je me prends pour Peter Fonda dans Easy Rider, sauf que je suis bien sanglée dans mon casque flottant et que notre moniteur se retourne toutes les 2 secondes pour vérifier que nous ne dirigeons pas vers le fossé. On fait avec le rock’n roll qu’on peut !
C’est surtout lors de cette journée que le charme mirleftien nous subjugue.
En haut des collines Hauts de Hurlevent, la vision de la nature pré-désertique opère à 100%.
La découverte de la plage sauvage dans l'après-midi (des kms de sable, l'Atlantique "vagueux" qui vient se jetter sur les rives, et pratiquement aucun plagiste) achèvera les dernières hésitations des pratiquants farouches de la jungle urbaine que nous sommes.

Le lendemain, nous quitterons Mirleft le sourire aux lèvres, la tong fière, le tube de biafine vidé, la persistance rétinienne de tous ces paysages magnifiques, et le coeur remplit de la gentillesse et de l'humanité des habitants du cru.

Les Nass El Ghiwane joueront en boucle, tout le long du trajet (10 heures, dont une pause déj et une heure de bouchon au péage de Settat !), et Fine ghadi bia khouya sera décrété hymne du séjour et de la marocanité retrouvée.

Casa nous a manqué, mais quitter le monde du silence de Mirleft pour replonger dans la « tebkhira casaouia » (merci Hoba Hoba) sera difficile. Le réveil du lendemain le sera encore plus.


P.S : Ceci est vraiment le bref résumé d'une citadine qui cherchait à sortir des sentiers battus ... il y a le Mirleft surfeur, le Mirleft post-hippy, le Mirleft retraite inspiratrice de rocker (les 2 Jimmy, Hendrix et Page, y ont séjourné), le Mirleft soixantenaire ... Mirleft ne se veut ni FRAM ni frime !
Et surtout Mirleft se vit ... elle ne se lit pas :)

lundi 17 mars 2008

Polar Krisprolls



Stieg Larson. Le nom claque comme une voile de drakkar, dans un fjord venteux. Les 574 pages du 1er tome de Millénium (trilogie polar de Larson) ont été ingurgitées d’une traite. Pas de répit ! Travailler, manger et autres impératifs barbants (ou pas) de la vie d’aujourd’hui étaient devenus un passe-temps, et toute joyeuseté était reléguée au lendemain. Le même sentiment prenant que j’ai ressenti à la lecture de l’Attentat de Y. Khadra (auto-promesse faite depuis le questionnaire de Procuste), bien qu’aucun parallèle ne soit à établir entre les 2 ouvrages.

Quoiqu’il en soit, amateurs de polars, bonsoir. Ceux qui écoutaient, petits, les histoires extraordinaires de Pierre Bellemare à la radio me comprendront. Bien sûr, les amateurs de films de Chabrol et d’Henri Verneuil aussi.

Toutes les épices de la série noire sont là : couverture sombre, énigme, enquêteurs attachants, fausses pistes, personnages hauts en couleur. Aucune ne manque à l’appel.
Mais, au-delà de l'histoire en elle-même, il est intéressant de constater que la culture suédoise est relativement méconnue du reste du monde. Qu'est-ce que la Suède dans l'imaginaire collectif (ou juste dans le mien) ? Un ou 2 tennismans type Bjorn Borg, 2 actrices d’anthologie (Bergman et Garbo), Ikéa, ABBA, la petite sirène, l’assassinat d’Olof Palme, les blonds, les vikings, le froid nordique … ? Beaucoup de lieux communs, équivalents après tout à notre triptyque habituel du chameau-couscous-harem.
Millénium est, donc, une occasion de faire connaissance avec ce pays qui, bien entendu, ne se résume pas aux quelques lieux communs que j'ai énoncé.
D'un autre côté, styliquement parlant, ceux qui chercheront les codes clichés du polar ne les trouveront pas. Pas de borsalino, pas de détective à moustache, pas de Jessica Rabbit ondulant la cigarette au bec. Non, ici nous sommes dans du polar modernisé. Les grands patrons côtoient le journalisme financier, et la seule pseudo détective de l’histoire est une hackeuse tatouée (résumé hâtif de ma part).

L’histoire, donc. C'est celle d’une dynastie d’industriels, les Vanger, dont une adolescente, Hariett, a disparu dans les années 60. L’assassinat est plus que probable. Son oncle, 80 printemps de nos jours, n’aura de cesse de vouloir connaître le fin mot de l’histoire. Il emploie donc un duo improbable : Mikael Blomkvist, journaliste Mr Propre qui s'est retrouvé en pause sabbatique un peu malgré lui, et Lisbeth Salander, détective-hackeuse-hard rockeuse-limite autiste.
Pour mener l’enquête, Blomkvist ira vivre sur la petite île où réside la « communauté » Vanger, et où a disparu 40 ans plus tôt la Hariett en question. Il sera rejoint plus tard par Salander. Au fur et à mesure que les 2 furètent dans l’histoire des Vanger, cette équipe de choc déterrera quelques cadavres nauséabonds, qui relègueraient n’importe quel Postsecret au rang de confidence de chochotte, et résoudra bien sûr le casse-tête chinois.

Le fil rouge de l’histoire est dans le titre : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes.

Titre qui n’arrête pas de nous faire de l’œil tout au long de notre lecture, accentué par les statistiques sur les violences faites à l’égard des femmes, qui sont distillées au compte goutte, comme autant d’indices flagrants.

Dans une critique de ce pavé, il était dressé un parallèle avec le film danois, Festen. Vrai … très vrai, pour l’aspect bourgeoisie nordique qui cache, sous des airs bien comme il faut, des comportements pas très catho. Personnellement, je comparerais aussi ce polar aux meurtres dans la campagne anglaise : sans arsenic et vieilles dentelles, mais plus pour le côté isolé de l’île et le peu d’envie de coopérer des gens du cru.

Comme je vous le disais, ceci est une trilogie. Les 2 suites scandinaves sont en route vers chez mon libraire en chef, et ne sauraient tarder. Sans oublier le Seigneur de Bombay de Vikram Chandra. Un printemps résolument polar, et du café noir, très noir pour tenir le coup après l'heure du crime !

dimanche 9 mars 2008

Sunny Sunday ou Bloody Sunday

Qui veut se noyer dans le Blues experience ou dans une vie Fade to grey s'ouvrira, sans garde fou, à toutes ces dépêches folichonnes qui hantent nos journées. Les JT et les brèves nous tombent dessus comme autant de Cassandre, prédisant que le monde va mal. On se bouche le nez à défaut de se boucher les oreilles, et les yeux. Mais difficile de ne pas voir ou de ne pas entendre.

L’opération « Hiver chaud » est un nom bien poétique pour une saloperie de partie de bowling à l’échelle d’une ville, Gaza. Un strike magistral et meurtrier où 100 quilles sont tombées, dont 40 mini quilles.
Des politicards cyniques qui soupèsent les vies des uns et des autres. Tantôt on décrit, du bout des lèvres, le recours à « une force excessive » (100 morts gazaouis), tantôt on s'emporte en parlant d’attentats barbares, lâches, et d’actes odieux (8 morts pour l’école talmudique de Jérusalem). De quoi rester plus que perplexe face à cette balance détraquée de la vie humaine!

C'est un Palespleen face auquel il est difficile de rester d’humeur joviale. Mais on va essayer, histoire de pratiquer avec acharnement cette religion d’ondes positives qui m’est très chère. Ouvrons grand la smilothèque (paroles d’Hocus Pocus) !

En stock, nous avons 2 pubs indiennes, qui pourront vous faire oublier que la sauvagerie est internationale, mais que le rire l’est tout autant.
La 1ère est une pub Motorola, avec Abhishek Bachchan, star, fils d’hyper star (Amithab B.), époux de star (Aishwarya Rai) … et surtout grand séducteur devant l’éternel.


La 2ème ne contient pas de beau gosse répertorié, mais est drôle (avec un I love U d'anthologie)

P.S : 2 initiatives locales à marquer d’une pierre blanche. Le festival Jazzablanca revient, avec 2 invitées à ne pas rater : Gloria-Iwillsurvive-Gaynor et Bettye Lavette.
Sans oublier la 3ème édition du festival Allons au théâtre de la Fondation des Arts Vivants qui a démarré. Casa sait être funky culturelle quand elle veut !

jeudi 21 février 2008

De la Tong en périmètre Wii, PS3, X Box ...


Une jolie découverte Blog, due au grand maître Hasard.
Et beaucoup de fous rires entre des prises d’antibio et de petites pilules blanchâtres censées exterminer le no-sound-at-all prolongé de ma voix. (‘chui aphone quoi)
Maintenant que tout le monde sait que je gis au fonds de mon lit (saleté de virus), revenons à Mr Mid (dit Latong).
Ce jeune homme blogue pour mettre en avant ses personnages BD, au graphisme hors pair. C’est un frappadingue de jeux vidéo, mais même sans être un expert de la chose, son humour fait mouche.

Il est notamment l’inventeur génial du Fucking Monday (5 étoiles pour l’épisode du 27 Janvier), du « We never die a vendredai », et autres petites philosophies à la noix.
Pour une autre séance de rire, jetez un coup d’œil à l’épisode de la fée Meetic.
Sans oublier une mention spéciale pour ceci !

Sinon, une trentaine de pages vous attendent ferme pour des hoquets rigolards en bonne et due forme.
Ca peut être vu comme de l'humour prout prout franchouillard par moment, mais n’y prenez que ce qu'il vous plaît, après tout.

Crosswalk


Planter les graines du changement.
Je sais que ça sonne comme une bonne blague en ces temps de Mourtada (je ne referais pas le débat : il a joué avec le feu, et la réaction a été disproportionnée), mais entre les lignes on lit bien un renouveau.
Bien sûr, il n’est pas du côté du Makhzen, les faits sont là … pas de sous-fifres zélés qui tiennent.
Là où il y a changement, c’est du côté du Mr et Mme Tout-le-monde.
Pour qu’un jeune marocain prenne ce genre de risque bêta, c’est qu’à ses yeux, ce n’en était pas un. C’est que, pour lui, les choses avaient bien évolué, dont acte.
Il sera très difficile pour le Makhzen d’enlever brutalement à ce pays la liberté qu’il nous a fait goûter. Car malgré toutes les tracasseries quotidiennes que l’on puisse vivre, nous avons assurément mis un pied de l’autre côté du changement, et nous en sommes au stade où il faut se mettre en équilibre sur une jambe pour passer de l’autre côté.
Des tacles il y en aura, mais vas arrêter une machine lancée à toute allure.
Ceci n’est pas un énième grain de sel rajouté à l’affaire, ni une 1.000ème signature à la pétition à la Abel Chemoul.

S’il est une pétition que je signerais, c’est celle pour Ahmed Nasser, Med Bougrine, pour le retour de Jamaï fils et pour Mourtada.
Pourquoi ? Parce que Ahmed Nasser, bien que plus âgé que Salvador à l’heure de son grand départ, n’a pas dû beaucoup rigoler dans les geôles de Settat, avant de passer l’arme à gauche.
Parce que ça fait plus d’un an que Bougrine croupit du côté de Beni Mellal, et qu’aucun vent d’indignation semblable à celui que je vois aujourd’hui n’a même frémit.
Parce que quand Jamaï se barre tellement il en a marre, je dis que 2 Jamaï (père et fils) valent mieux qu’un.

P.S : J’ai énormément de sympathie pour Ibn Kafka qui martèle les cas de Ahmed Nasser et de Bougrine, dans un océan de Mourtada.

Et pour Aïcha Quandicha aussi … il est des points où je ne suis absolument pas d’accord avec elle, mais de quel droit je lui tirerais dessus à la kalachnikov parce qu’elle ose émettre un avis contraire à la blogoma bien pensante ? On critique le manque de démocratie du pays, mais on reproduit exactement le même mode de pensée par ici. Les carrés VIP autoproclamés, non merci.

jeudi 14 février 2008

Hommage à la Saint-Glinglin du jour



Ah l'amour l'amour l'amour.
Journée de l'amour Marketing (crachons sur cette profession qui me nourrit si mal !), du printemps avant l'heure, de la fortune des fleuristes, et des célibataires qui passent du statut de Gizmo à celui de Gremlins aux dents longues ! (en direct live : une collègue qui reçoit un bouquet d'un fournisseur et qui veut faire croire que c'est l'envoi d'un prétendant enamouré => pitoyablement sympathique)

Epilogue : Vous noterez l'opposition flagrante entre la mignonnité de l'extrait et le pseudo-cynisme du texte. A lire comme un sourire en direction de ceux dont l'aorte fonctionne à plein régime, mais aussi à ceux en jachère.

P.S : Je profite de ces quelques lignes pour déclarer mon amour, le plus passionné, au programmateur/trice de Radio Atlantic. :) Mais de quel carton poussiéreux tu m'as ressorti le "What if God was one of us" de Joan Osborne ?

dimanche 3 février 2008

Tovaritch Lénine


Deux variations autour d'un même thème : La guerre selon Charlie Wilson et La vie des autres.
Un dvd et les ressorts d'un ciné, pour 2 leçons d’histoire sur le socialo-communisme et dommages collatéraux affiliés. L’un est un point de vue hollywoodien, avec tout le cortège de stars et de leçons de morale du grand capitalisme que cela implique. L’autre est un point de vue germanique, près de 20 ans après la chute du mur.
Et après vision des 2 œuvres, un point à rien pour l’Allemagne.

Commençons par la moins bonne nouvelle.
Charlie est un divertissement qui se voit avec plaisir, mais sans grand enthousiasme.
Tom Hanks incarne un congressman texan (le Charlie en question), et philanthrope new wave : beaucoup de vices sympathiques (la picole et le goût des jolies filles, tous 2 consommés à outrance), mais un « humanisme » qui transcende le côte diablotin.
Au cours de ce que l’on appelera, grosso modo, une orgie (1), Charlie visionne un reportage sur la 1ère guerre en Afghanistan, lors de l’envahissement du pays par l’armée rouge. Il se pique d’intérêt pour le sujet, poussé en cela par Joanne (alias Julia Roberts), une amie de longue date, riche sudiste et mac carthyste sur les bords, et par une visite choc dans les camps de réfugiés afghans au Pakistan. Afin de réunir des fonds pour armer la résistance afghane, Charlie réuni autour de lui sa bande de pieds nickelés : Philipp Seymour Hoffman en agent de la CIA bougon (thumbs up!), Julia Roberts, un agent du Mossad, un politique égyptien (vous noterez l’alliance sensée être « contre-nature »), et de loin, le général Zia en personne (zigouilleur de Bhutto père).
La scène qui tue : Charlie, en mode Tintin au Pakistan, et pas encore aguerri au BA-BA de la diplomatie, est reçu au palais présidentiel par Zia. En réponse au président qui lui demande quelle type d’aide l’état américain pourrait lui fournir (pour contrer l’avancée de l’armée russe en territoire afghan, qui pousse des milliers d’afghans à se réfugier aux frontières pakistanaises), Wilson lui rétorque : « je m’exprime au nom de mes électeurs du 2ème district du Texas, pour vous dire que nous sommes de tout cœur avec vous ».
Ce qui, vous en conviendrez, lui fait une belle jambe !
Après moult péripéties, Charlie réussi à lever des fonds colossaux pour armer les moudjahidins et à bouter du russe hors des frontières afghanes.
Morale de l’histoire : il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait.

Ce que je retiendrais le plus de ce film c’est que : Tom Hanks et Seymour Hoffman sont de très bons acteurs, que le vernis rouge sur ongles longs et les rôles de bourgeoises peroxydées ne vont pas bien à Julia Roberts (cette grande fille saine !), que je soutiens mordicus que Hanks s’est inspiré de Larry Haggman (J.R dans Dallas) pour son rôle de texan (même la ressemblance physique en devient frappante), et bien sûr l’histoire du maître zen.
Le caillou qui reste coincé dans ma chaussure c’est le fait d’exagérer le côté « mal absolu » de l’ex bloc russe, de cet espèce d’anti-communisme primaire présent dans le film, face à une Amérique bien pensante, altruiste, et généreuse de ses deniers, en la personne de Charlie Wilson.
Tout cela prend des airs de « La politique étrangère pour les nuls », et en accusant le communisme de sauvagerie, c’est un peu se foutre du monde quand en terme de Vietnam, d’Irak et de soutiens à des états hors-la-loi ou dictatoriaux, on n’a de leçons à donner à personne.


Passons maintenant à la bonne nouvelle : La vie des autres.
Oscar du meilleur film étranger 2007 ( au détriment de Indigènes, mais bon, c’était de bonne guerre) et tout ça et tout ça …Mais ce film est surtout une critique beaucoup plus fine du communisme étatique, et de l’héritage vicié du camarade Lénine.
Une belle analyse de l’âme humaine : personne n’est jamais totalement noir ou totalement blanc.

Le pitch : La RDA vit ses dernières années avant la chute du mur, mais ne le sait pas encore. Pour l’instant, la liberté d’expression se résume à vanter les louanges du socialisme et les fantasmes à passer à l’Ouest … mais la Stasi rôde et cloue les becs des récalcitrants !
Et "Les murs ont des oreilles".
Dans cette ambiance générale on ne peut plus morose, l’écrivain de pièce de théatre Dreyman aime son actrice fétiche, Christa Maria Sieland, qui le lui rend bien. Dreyman fait dans le politiquement correct, ce qui lui vaut de pouvoir jouer ses pièces sans être taquiné par le régime. Le ventripotent ministre de la culture (aaaah la vision de ce slip mou dans la scène de la Volvo !), Hempf, veut l’actrice. En tant que gros ponte de l’Etat, il met Dreyman sur écoute dans l’espoir d’une parole ou d’un événement compromettant qui pourrait servir « ses sombres desseins » (il est des expressions qu’on est obligé d’utiliser).
Pour cela, le plus fin limier de la Stasi, Wiesler, est mis sur le coup. C'est un beau spécimen de psycho-rigide, à la vie tristouille sur mode Trabant-boulot-dodo.
Et c’est là que la plus belle partie du film commence. A force d’espionner Dreyman et sa compagne, Wiesler s’ouvre à un monde qui lui était inconnu : l’esprit critique, la dénonciation des méfaits du régime, l’amour … et cette vie par procuration fait que le bourreau se prend d’affection pour sa victime, et finira par lui sauver la mise.
Pour instaurer l’ambiance des années de plomb est-allemandes, le réalisateur y va à grand renfort de Trabant (la Lada allemande) beigeasses et grisâtres, à l’image des couloirs de la Stasi, et d’anecdotes qui démontrent que les vocations à la Bozzo le clown étaient tuées dans l’œuf.
Tous les personnages qui ne sont pas liés au monde artistique ont des mines austères, à quelques exceptions près, et on finit par se dire que Berlin Est tirait vraiment du sanatorium à ciel ouvert.
Et puis les événements s’enchaînent, et le suspense va crescendo … du coup, on ne parle plus à personne jusqu’à la fin du film ! ;)
Mais là où je donne vraiment ma voix, c’est que l’on évite de tomber dans les clichés d'un Charlie Wilson. Martha Gedeck est d’une classe folle, la chemise blanche entrouverte va beaucoup mieux àSebastian Koch (Dreyman) qu’à BHL, et Ulrich Mühe (Wiesler) ressemble étrangement à Kevin Spacey.
Mais au-delà de ces 3 lignes, tous les acteurs sont excellents, la psychologie des personnages est finement abordée, et tout cela conforte les amateurs de cinéma européen.
Dans un style plus léger traitant de la RDA /post RDA, Goodbye Lénine m’avait vraiment enchanté … mais là, je dis vraiment chapeau, et m’empresse de prêcher la bonne parole autour de moi :)

(1) c’est une orgie grand public hein … càd qu’on voit 2 paires de lolos, la face cachée de T. Hanks 2 secondes, et que tout ça est caché dans les bulles d’un jacuzzi. On est loin des Marc Dorcel Productions … que je n’ai jamais visionné, je tiens à le préciser ici bas !

dimanche 20 janvier 2008

Légende urbaine


Mais où sont passées les Simca de notre enfance ? :)

En cette magnifique journée ensoleillée, j’ai les yeux pleins de photos d’un pique-nique dominical, du temps des années bissextiles.
En 1er plan, un papa que les Jackson 5 n’auraient pas renié. A ces côtés, une mamoune, jolie rouquine en patte d’éph. En appui sur les genoux du sosie de Marlène Jobert, un bébé joufflu et tout sourire essaye, tant bien que mal, de tenir sur ses pattes.
Et en arrière plan, la mythique Simca 1307, jaune pétaradant !!!!!!!

P.S : Dans la déclaration universelle des droits de l'homme, Article 5, il est officiellement stipulé que "Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants". Alors pourquoi vous vous infligez ces 4 murs, alors que dehors c'est gorgé de vitamines D, et que ça prend des airs de Copacabana ? :)
Allez, sortez vous gazouiller dans l'herbe ou vous expatrier, le temps d'une journée, en dehors des limites de la ville ... sous le soleil exactement !

jeudi 17 janvier 2008

Dames en noir et autres Snoopy

Brève de comptoir. Le sous texte de la chanson de Barbara, l'Aigle noir , serait la dénonciation d'un inceste (http://pagesperso-orange.fr/mondalire/pianoir.htm).
L'oeuvre de la dame en noir n'a, certes, jamais incité à la franche marrade (quiconque arrive à écouter Nantes jusqu'au bout est un héros national), mais est-ce à dire que derrière chaque grand artiste de noir vêtu se cacherait un trauma de l'enfance ?
Derrière chaque chanson un cadavre dans le placard, ou une ode au spleen ?

Bien sûr les textes des uns et des autres sont magnifiques, mais aux larmes éternelles du Kilimandjaro je préfère les coquineries d'une Juliette Gréco ci-dessous (bien plus efficace que du Barry White, Messieurs !), la tendresse infinie d'un Jean Ferrat (j'aurais aimé que quelqu'un chante le Maroc comme lui a chanté "Ma France"), et la bonne bouille joviale d'un Pierre Perret, dont les textes sont peut-être popus mais tendres et loin d'être simplistes.

Yallah, je vous laisse écouter comment la Gréco voudrait qu'on l'épluche ! ;)

jeudi 10 janvier 2008

No more pois chiches on his couscous


Ci-joint un vibrant hommage à un borgne qui n’a plus un radis : Jean-Marie ayant de la peine à joindre les 2 bouts, est en train de vendre le QG du FN à Saint-Cloud (cf dépêche LCI du jour). C’est la fin d’une époque !
Alors, histoire de mêler l’utile à l’agréable, je cède la parole au regretté P. Desproges qui avait mis le Jean-Marie en question dans sa ligne de mire, le temps d’un réquisitoire d’anthologie. Un bon tribunal des flagrants délires pour rire à la barbe des inquisiteurs de tous poils.

Alors, peut-on rire avec tout le monde ?
-" ... C’est dur… Personnellement, il m’arrive de renâcler à l’idée d’inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C’est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine, et la présence à mes côtés, d’un militant d’extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune au-dessus de la robe austère de la justice sous laquelle je ne vous raconte pas ..." ;)

P.S cheveu sur la soupe :
Qui a envie de réveiller son cœur d'enfant au bois dormant, de voir de la jolie poésie sur pellicule (pour peu qu'on se laisse prendre au jeu) et assumer pleinement son émerveillement devant cette bonbonnière rosâtre digeste, allez voir Stardust.C'est joli comme tout, et quelques gros pontes du cinéma mondial peuvent servir de caution cinéphile aux plus récalcitrants : De Niro y est à contre-emploi, Claire Danes resurgit de derrière les fagots, Peter O'Toole n'est vraiment plus tout jeune, Ruppert Everett y promène 2 secondes son profil cynico-altier adoré de ma personne (oui je sais qu'il est gay), Michelle Pfffffeifer (ami cinéphile, au revoir) est très très méchante et son lifting réussi, ô surprise Sienna Miller est effectivement une actrice et pas juste le clone de Kate Moss (une actrice moyenne, mais une actrice quand même) et tout ça et tout ça.
Laissez les derniers Ken Loach (It’s a free world) et dernier frères Coen (No country for the old men) pour le jour où le Megarama daignera s’éloigner un tant soit peu des blockbusters, ou pour un passage éclair sous d’autres cieux.