lundi 30 juillet 2007

Vieille canaille

Voici Michel Serrault dans 4 grands rôles qui ont marqué son parcours ciné … et mes rétines de fan. Fan d’une génération d’acteurs qui est en train de nous jouer la Grande Evasion, à sa manière.
Ciao l’artiste.


Assassins et voleurs (1956)

Film de Sacha Guitry, avec 2 copains à vie (Serrault et Poiret), encore jeunes et pas encore en colorama.
Je n’ai pas réussi à vous dénicher d'extrait, mais le film passera sûrement en TV dans les jours à venir … Hommage oblige.

Garde à vue (1981)


Face à face Serrault et Lino Ventura, avec Romy Schneider en fonds visuel.
Huis clos remaké mais jamais égalé.


2 heures moins le quart avant JC (1982)

Un autre face à face hautement comique avec Coluche, et un quiproquo hilarant à la clé.
Sans oublier un monologue sur l’Hommeuuu qui vaut son détour.
Le morceau joué dans la scène précédente, dans une boîte gay des catacombes, est un must !!! Homosexualis discotecus ! Dans la meilleure mule près de chez vous.

Le papillon (2002)


Serrault en grand-père de substitution, bougon et misanthrope au possible. Et une petite rouquine a-do-rable. Un joli film, un peu trop naïf par moment, mais à bas le cynisme pendant 1h30.
J’aurais pu citer en dernier Nelly et Mr Arnaud, Les enfants du marais, Les acteurs, et tant d’autres films de cette dernière décennie, mais j'y suis allé au coup de coeur.
Jean-Louis et Michel (Trintignant et Piccoli), je veux rien savoir ! Basta les bad sad news ! Et Bebel, wallah ....!

samedi 28 juillet 2007

Plaisir auditif

Je t’aime moi non plus a longtemps traîné derrière elle une aura sulfureuse.
Gainsbourg et sa muse se susurrent leurs amours, en pleine année érotique (69, pour ceux qui n’auraient pas compris), et s’attirent les foudres du Vatican qui fait le forcing sur les ondes italiennes, avec une interdiction à la clé.
Comme quoi l’étroitesse d’esprit et la bigoterie sont le lot de tous les clergés : l’un, l’autre ou l’autre (Merci Gad).

Quand on découvre la chanson, on s’étonne de tant de Shocking. Plus de l’Art que du Cochon ;). Si elle était sortie dans les bacs aujourd’hui, elle sentirait beaucoup moins le souffre. « Je vais et je viens entre tes reins ... », le souffle de Jane qui s’accélère un peu ... du soft quand on sait que la philosophie d’un Snoop Dog, par exemple, est femme = bippppptch.
Rien à avoir avec la classe d’un amour Sergo-Janois. Chicissime ! Je précise tout de même que l’homme à la tête de chou et sa grande sauterelle étaient les 1ers vrais bobos, avant même que l’on ne mette un nom sur ce concept des bourges bohêmes.

Au hasard de mes recherches pour la rédaction de ce mini-post, je suis tombé sur cette réponse du berger à la bergère de Gainsbourg. Notez le réalisme d’un seigneur de la chanson française :
« Je pensais en vendre 25.000, j'ai dû en vendre 3 millions et demi, 4 millions. Je passe à la caisse après. On va encore me traiter de cynique, mais je regrette, c'est un métier où on passe à la caisse! Cette chanson a fait ma fortune, ce n'était pas provoqué, j'ai fait cette chanson parce que je la trouvais belle et la plus érotique qui soit. C'est une chanson d'amour, c'est tout. Et puis je t'aime, pourquoi moi non plus? Parce que je suis un garçon trop pudique pour dire moi aussi!».

Voilà voilà. Le duo provocateur aura été une inspiration pour de nombreux artistes qui ont repris cet hymne à l’amour, dont voici quelques morceaux très réussis.

L’originale



Les reprises

Version trasho-androgino-sexy : Brian Molko (Placebo) et Asia Argento (actrice trash et fille de Dario Argento, réalisateur de films d’horreurs de série B des 60s, 70s)


Version comico-déjantée : Brigitte Fontaine et Arthur H.

Sans oublier la version comique de Bourvil et Jacqueline Maillan, la pop version des Pet Shop Boys et la dépressive version de Nick Cave (euphémisme quand on parle de lui), « I love you, nor do I ».
Autant de plaisirs auditifs ...

mardi 10 juillet 2007

Drague de pacotille


Un de mes films préférés, et une scène archi-connue !

Il fait toujours bon se rappeler que les dragueurs de pacotille s’exportent aussi bien sous d’autres cieux qu’en d’autres temps.
2 italiens (Aldo Maccione et Lino Ventura) sur 5 rouleurs de mécanique, ça aide aussi ! Eh oui, nous sommes tous esclaves de nos propres clichés.

La leçon de séduction mise en œuvre, bien que ridiculissime, est tout de même beaucoup plus sympathique que les très flokloriques «pss pss», «khti», et autres doux surnoms grivois généralement inspirés de fruits, dont nous affublent les mâles du cru (le jeu de mot n’est pas loin).
Macadam cowgirls, levez le poing (ou le majeur, pour les plus courageuses). ;)

Cheveu sur la soupe : oui, c’est bien Brel que vous voyez dans le groupe, et le film en question est l’Aventure c’est l’aventure.

lundi 9 juillet 2007

Blues à l'italienne


L’Italie sait aussi faire preuve du Blues le plus lancinant. Je pense très précisément à Luigi Tenco, plus connu comme petit ami suicidé de Dalida que pour son œuvre poétiquement chantée. Et pourtant …

Vedrai Vedrai me donne l’impression de plonger directement dans la Riviera italienne des 60s, au volant d'un petit coupé décapotable et décapoté, des lunettes à la Jackie O., et le foulard noué autour de la tête et flottant au vent … une dolce vita qui s’étiolerait tout le long de l’été, bien que le Tenco en question ne respirait pas la joie de vivre. L’expression « brun ténébreux » n’aura jamais été aussi bien portée !

vedrai, vedrai (tu verras, tu verras)
vedrai che cambierà (tu verras que ça va changer)
forse non sarà domani (peut-être pas demain)
ma un bel giorno cambierà (mais un beau jour ça va changer) ...

dimanche 1 juillet 2007

Bow chiki waw waw !


Deux très belles voix qui s'imbriquent parfaitement. Paolo Nutini et Jehro réinterprètent Daydream lors d'un passage remarqué dans l'émission Taratata.

C'est frais et léger comme une brise d'été. Et le style de ces 2 messieurs est absolument irrésistible ! Qui de l'écossais méchu à la voix rocailleuse ou du frenchie bonneteux rocker l'emportera ? A cette heure-ci, je ne me suis pas encore décidée :)

Bonne semaine ... et vivement le week-end prochain.

P.S : Un docu à ne pas rater Mardi soir sur Arte, à 8h15 !!!
Les chemins des paradis hippies : Le Maroc

Little girl blue


Elle crie, elle vit, elle apostrophe son public … c’est un pantin féminin qui a coupé ses fils et qui n’est plus mû que par elle-même ! Et pendant ce temps là, je suis scotchée à mon écran.
Pendant 1h30, Bette Midler s’époumone sur scène, brûle sa vie, ne fait aucun compromis ni à la passion ni aux excès … Elle picole, elle a la cuisse légère, elle s’enfarine le nez, elle se bousille, et le résultat sur scène est un feu d’artifice permanent.
J’ai 15 ans, et dès aujourd’hui, je deviendrais une fan de rockeuses, bien que le seul vice qui me soit connu soit le Coca Light !

Le film en question est the Rose, inspiré de la vie de Janis Joplin, qui n’a vécu que pour son motto « You can destrow your now by worrying about your tomorrow », vous épargnant ainsi d’entendre une enième fois le Sex Drugs and Rock’n roll.
Janis, c’est un peu une amie imaginaire qui aurait vécu avec moi mes up and down en me chantant Little girl Blue, ou Kozmic Blues. Je ne peux d’ailleurs plus écouter certains de ces morceaux parce qu'ils enclenchent irrémédiablement un appel au kleenex. J’ai prié avec elle le seigneur de m’acheter une Mercedes Benz (mais ké’c qu’il faut pas raconter pour un post !) , même si elle possédait plutôt une Porsche psychédélique en diable, j’ai fais vibrer les décibels sur Bobby Mc Gee ou Down on me, parmi tant d’autres perles de culture janisienne.
Bref, Janis is Janis, et elle aura réussi en un passage éclair sur la scène musicale à inscrire son prénom dans les mémoires collectives.

Comment le monde a-t-il hérité de la légende Janis Joplin ?
Once upon a time in the South, en plein Ploucland texan (plus exactement Port Arthur) naissait une petite fille pas très jolie. Issue de la petite bourgeoisie locale, elle grandit au rythme de son hypersensibilité, qui la conduira de l’exécutoire artistique nommé peinture à celui de la chansonnette (tout comme Gainsbourg, qui était un peintre frustré).
Cette demoiselle détonne dans cette petite ville conservatrice avec son image de bad girl, à l’esprit contestataire (lutte pour les droits civiques des noirs…), la philosophie beatnik (1) et la dégaine qui allait avec.
Dans un premier temps, Janis Lyn s’en va clopin clopant étudier à l’Université du Texas, à Austin, où elle aurait gagné le concours de « l’homme le plus laid de la fac », et se met à chanter dans les bars du coin. Ses influences musicales revendiquées sont plutôt du côté du Blues black, telles Billie Holliday ou Bessie Smith, cette dernière et elle-même ayant eu des destinées pratiquement superposées.
Avant de décrocher son diplôme, elle quitte le Sud pour « the streets of San Fransisco, gentle people with flowers in their hair », répondant ainsi aux sirènes de Scott Mac Kenzie (qui ne l’a chanté qu’en 67, soyons précis).

Elle y fait ses armes au sein du groupe psychédélique Big Brother and the Holding Company, qui vivote jusqu’à la participation coup de feu au Monterey Pop Festival, en Juin 67.
Et ce jour là, né le mythe Janis ! Devant un public stupéfié, elle met ses tripes sur scène sur fonds de Ball and chain, au rythme de sa voix cassée par un régime Héroïne-Whisky (Southern Comfort). La chanteuse des Mamas and papas, Mama Cass Eliot, en reste bouche bée, et je dis ça pour rester polie !
Il faut noter que durant ce festival, préambule à Woodstock, de nombreux talents sont devenus des légendes du rock, comme Jimmy Hendrix, the Who ou Otis Redding.

L’année suivante, Janis et son groupe sortent Cheap Thrills qui contient notamment la version la plus bluesy sur terre de Summertime, Piece of my heart, Ball and chain
Elle quitte son groupe et en créé un autre, the Kozmic Blues Band, avec lequel elle enregistre en 69 (année érotique) I got’dem all Kozmic Blue again mama, qui est, comme son nom l’indique on ne peut plus bluesy : Kozmic Blues, One good man, Little girl Blue, ou Try. La Janis tristouille y fait des étincelles.
L’année suivante, en 70 et à seulement 27 ans, pendant qu’elle enregistre l’album Pearl, à L.A, cette écorchée vive a la très mauvaise idée de faire un duel sous le soleil avec une surdose d’héroïne. Bien que s’étant entraînée pendant des années à la consommation intensive de drogues de toute sorte, ce jour-là, elle dégainera moins vite, et s’éteindra toute seule dans sa chambre de motel.
Son album héritage comprend Bobby Mc Gee et l’une des dernières chansons qu’elle ait enregistrée est Mercedes Benz.

L’aspect Drug and Rock’n roll est clos, mais n’oublions pas que la petite fille au physique ingrat aura tout de même été une sacrée coquine, attirant dans son lit hommes et femmes, sans aucune distinction des genres. A noter qu’elle a batifolé avec Leonard Cohen (Chelsea hotel est dédiée à Janis) et Pickpen des Greatful dead, et qu’elle a failli dévorer tout cru Jim Morisson et de nombreuses célébrités et inconnu(e)s au bataillon.
Une anecdote veut qu’après sa performance au Monterey Pop Festival, elle fût approchée par la Columbia Records, en la personne d’un record chief pour faire partie de leur écurie. Elle aurait rétorqué qu’elle ne signerait que si ce jeune homme acceptait de faire la bête a 2 dos en sa compagnie.

Epilogue : Comme vous l’aurez constaté à la lecture de tout ce qui a précédé, Janis n’aura guère eut que 3 ans de gloire de son vivant (67 à 70), et précisons aussi que tout le monde n’est pas fan de sa voix. Je me souviens d’un collègue étudiant qui m’a affirmé royalement que sa grand-mère pourrait faire mieux (connard, m’étais-je dis entre les dents). Janis, on n’a pas le droit de ne pas aimer ! Je suis parfaitement anti-démocratique là-dessus, ou bikhir ! Une femme qui vous balance à la figure « It’s all feeling. When I’m singing, I’m not thinking », eh bien, mesdames et messieurs, on ne peut qu’agréer !
Un autre sacrifice humain aux dieux du Rock, vu qu’elle a plongé la tête la première dans le triangle des Bermudes du milieu qui veut qu’une star se doive de « débrancher le micro » avant ses 28 ans. A l’image du Wild Thing-Jimmy Hendrix (15 jours avant elle) et Jim Morrison qui a signé the End quelques mois plus tard, miss High on dopes n’a pas dérogé à la règle tacite.

I never found out why
I keep pushing so hard a dream,
I keep trying to make it right
Through another lonely day
Kozmic Blues

(1) Un beatnik n'est pas un hippie, la différence étant que les beatniks ont été les premiers à rejeter la société de consommation, avec un discours intello et libertaire, différent du « Peace an love » des hippies. Grosso modo.