samedi 21 février 2009

Leave your LOLs at the bar

Au delà de l’aspect Hype qui pourrait être reproché à la démarche, lire les Inrocks est à mon sens un acte de résistance pop rock affirmé ... on fait avec le Lumumba qu’on peut !
Parfaitement inscrit dans l’air du temps (tendance platine vinyle), la culture pop distillée dans ces quelques 100aines de pages lutte efficacement contre cet esprit Oui-Oui (Ouin-Ouin ?) aux écrits Bof-Bof qui pollue nos mirettes.

Aussi, lorsque le magazine consacre un article moqueur à cette expression au ras des pâquerettes qu’est le désolant LOL, je m’empresse de prêcher pour que les Inrocks soient inscrits au patrimoine culturel de l’humanité.

Cet article est un poil à gratter efficace contre les Serial Lol-ers, et en profite pour tailler en pièces, mine de rien, cette génération du laisser-aller scribouillard aux codes adolescents paresseux.

Alors Inrockuptiblement votre, je vous souhaite une lecture gentiment railleuse, voire râleuse, de ce qui suit.
LOL, no pasaran !


" Aux origines, le lol est un acronyme de "laughing out loud".
Utilisé dans le but d’exprimer le rire dans une conversation sur Internet - le besoin de concision prenant le pas sur la rhétorique - il signifie "je ris aux éclats", "je me fends la margoulette avec force" ou encore "qu’est-ce qu’on se poile mec".
Justifié en vue d'exprimer une franche hilarité, le "lol" est rapidement devenu une ponctuation symbolique.
Particulièrement facile à taper et ne nécessitant aucune notion d’orthographe particulière, en France, le "lol" s'est imposé comme un terme clivant fréquemment utilisé sur les forums, IRC, msn ou les skyblogs.
En d’autres termes, le "lol" est devenu malgré lui comme un terme réservé aux adolescents exprimant un état d’euphorie permanent et un manque de profondeur latent. Par conséquent, selon les règles du bon goût sur l’Internet, l’expression est tombée en désuétude chez les + de 15 ans au début des années 2000.
La fine frange de la population mettant un point d’orgue à avoir une syntaxe grammaticalement correcte sur Internet lui préférant alors le "ahah" ou le "haha" (pour les anglophones) afin de se distinguer socialement.

la suite

mercredi 10 septembre 2008

Why so serious ?


Le buzz est énorme ... les prescripteurs m'ont invité à oublier tout à-priori face à ce nouvel opus de l'homme chauve-souris, et de foncer dare-dare remettre en cause ma vision du bien et du mal.

BA'MAN ! Le caped cruisader, like a bird on the wire, le justicier dont les nuits sont plus belles que nos jours, quand son rôle de l'ennuyeux rentier Wayne cède la place à la cape rock sans l'épée.
Mais qui a peur de Batman ? Dorénavant, plus grand monde. Le comic hero devient, en un épisode, un personnage banni, l'un des fantômes de Gotham City, celui qui chute de son piédestal et que l'on finit par appeler en espérant ne pas le voir venir, à l'image d'un Candyman devant notre miroir.
Demi-dieu certes, mais dans cet épisode surtout demi-mortel, avec toute la cohorte de doutes du faillible incorruptible, et loin d'être LE personnage central.
Batman paraît ici bien pâlot face à ce maître de la blague mortelle qu'est le Why-so-serious Joker, et face au visage Face-off de Harvey Dent (Aaron Eckart qui est bon mais a du mal à nous faire oublier son côté gendre idéal). Ce sont eux les vrais Dark Knights, et ce film un tour à 360 degrés de la définition de la Morale.

Christian Bale a pourtant été un beau syphonné Patrick Bateman, rôle de psychopathe s'il en est, dans American Psycho, avec une palette de jeu plus fine que ce qu'il nous présente ici.
Aaron Eckart aka H. Dent, quant à lui, ne devient intéressant que lorsqu'il quitte son physique "lisse" (spoiler spoiler) de symbole de l'establishment ultra-vertueux.
Les acteurs oscarisables se partagent ici l'affiche. Eric Roberts est une fois de plus (de trop?) un truand, Maggie Gyllenhal manque du peps qu'elle avait en Secrétaire maso, son rôle de talon d'Achille de Batman étant moyennement exploité, et Morgan Freeman n'en sort plus de ses rôles de vieux sages ...
Mais Gary Oldman (3ème british du film avec Michael Caine et C. Bale) et M. Caine campent avec classe leur rôle de pom pom girls de la vertu tranquille ou risquée.

Trève de tralala, Apocalypse now ! On attend impatiemment l'arrivée du feu d'artifice, qui tient plus ici du champignon atomique, véritable dark knight de cet opus, j'ai nommé the Joker.
Alors, Joker ... Joker ... Joker ... Joker ... Joker, celui dont on scande le nom devant notre miroir en espérant, lui, le voir rapidement apparaître pour mettre une louche de piment dans de bons sentiments fadasses.
Heath Ledger, celui par qui le chaos arrive et qui sonne le glas de l'interprétation de Nicholson.
Son Joker nous rappelle tous ces villains ou héros ambigüs qui ont hanté les pellicules : de The Crow (avec Brandon Lee, qui léguait aussi inconsciemment son testament ciné, vu qu'il a disparu en plein tournage) à Alex dans Orange Mécanique.



Nouvelle ère, nouvelles moeurs. Ce nouveau Joker est bien évidemment aussi méchant qu'un Jafaar face à un Aladin sur son tapis volant, mais il est bien plus perverse car plus difficile à détester. Trop facile.
Il est celui par qui l'équilibre arrive, le Mal qui justifie le Bien, celui qui ébranle les convictions bien-pensantes pour mieux les ancrer, celui qui crée le capharnaüm pour apprendre à mieux jouir de l'Ordre, il est l'Anarchiste suprême ... et celui qui a les meilleures vannes !

Look débraillé à la mode d'une Vivienne Weswood (cet article justifiant mon raisonnement), faisant de lui un Punk Hero que Curt Cobain, les Cure ou Sid Vicious ne renieraient pas. Epouvantail classieux, il fait face à cette Justice League of America que Batman et Dent (1st part du film) représentent à merveille. Son visage est aussi cabossé que n'est ennuyeusement parfait celui des Bruce Wayne et Harvey Dent, et son sourire de Killer Clown est celui de qui ne prend rien au sérieux et se rit de voir une cité-marionnette et ses héros basculer aussi vite dans le chaos, sous ses baguettes de maléfique Master of Puppets (à noter la ressemblance avec Lars Ulrich, le batteur de Metallica).

D'ailleurs, les explications sur son laaarge sourire demeurent un mystère. Ils donnent bien quelques explications lors de ses inévitables monologue de méchant de service, mais laquelle croire : Why so serious, ou celle de l'époux fou amoureux ?


Etant donné que nous sommes, tout de même, dans une adaptation de comic, le spectacle est largement de la partie.



Au 1er plan, Gotham-Sin City, aimant à crime, filmée ici dans la superbe et étouffante Chicago. Reconnaissable entre 1000, elle a peut-être été choisie pour son symbole dans l'imaginaire collectif de capitale passée de la prohibition, des luttes entre des gangsters notoires, type Al Capone, vs des incorruptibles notoires, type Eliott Ness ? Elle a aussi l'avantage de tous ses buildings à la vue imprenable et au toits très pratiques pour s'envoler dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre etc etc ...

Et nous prenons plein les mirettes les scènes d'envol de Batman, quelques vroum vroum poursuites Joker vs Batman (à noter un renversement d'un semi-remorque dont on se souviendra), et des effets spéciaux impressionants pour nous montrer le "mauvais profil" de Harvey Dent !

Ceux et celles qui ont fini par céder à l'appel des sirènes de cette traduction ciné de comic, digne de ce nom, en sont ressortis plutôt époustouflés. Qu'il soit devenu un énorme succès au box office mondial ne devrait pas vous en éloigner ... La majorité a parfois bon goût.

P.S : Les amateurs de kamehameha connaissent la sortie prochaine de l'adaptation Ciné de Dragon ball Z. A vue de nez, le navet se profile à l'horizon, mais qui vivra verra.
Et pour finir sur un sourire moins maléfique, il y aura toujours les Wall-E, petit robot aux yeux de biche dont les Eveeeee nous décochent à coup sûr des sourires plus qu'attendris. C'est très mignon, sans une once de perversité et on s'en délecte tout autant ... en attendant impatiemment l'héroïne folichonne de Happy-go-Lucky.

dimanche 1 juin 2008

Chopez la Dengue Fever


Finalement, ça mérite plus un post, histoire de tamponner cette découverte de manière pérenne.
Partez donc à la découverte de ce groupe pop rock americano-cambodgien, à travers un album qui nous emmène quelque part du côté de Phnom Penh, avec de fortes influences rétro.
Mes morceaux préférés : Sober driver (la 5) et Integration (la 7).
Cliquez sur la pochette de l'album pour trouver les votres.

Yop attack !

Cette semaine, j'ai fais connaissance avec une petite demoiselle ivoirienne qui communique par bulles interposées. Et en VO ivoirienne s'il vous plaît !
Aya de Yopougon est le personnage central d'une BD, en 3 tomes, qui a fait grand bruit au festival de la BD d'Angoulême, il y a 2 ans.



Jeune ivoirienne de 19 ans, Aya vit dans le quartier le + peuplé d'Abidjan baptisé Yopougon, ou Yop City. Elle ambitionne des études sérieuses pour éviter la trilogie des 3 C qui sévit parmi les adolescentes du quartier : Coiffure, Couture et Chasse au mari. On est en 78, donc le quartier vit dans l'insouciance d'une époque où ma petite entreprise ne connaît pas (encore) la crise : peu de chômage, pas de Sida, pas encore de putschs. Le pays vit encore ce que l'on appelait "le miracle ivoirien".


Actrice d'un Yopougon plutôt joyeux, Aya observe le monde qui l'entoure, ce quartier et ses mini-drames qui prêtent plutôt à rire.

Ses amies, Adjoua et Bintou, beaucoup moins sérieuses, ne pensent qu'à gazer (faire la nouba), en courant le génito (jeune "coq", dragouilleur, flambeur bling bling) et en allant remuer du tassaba (je vous laisse deviner) dans les maquis (restos discothèque).

Une dolce vita un peu inconsciente, mais bien de leur âge, qui a parfois des conséquences !
Adjoua verra son ventre s'arrondir au fil des jours, et un point d'interrogation répondra à la question "qui est le père ?". L'enquête démarre et les méthodes d'investigation sont pour le moins originales. Photo du bébé à l'appui, les parents d'Adjoua feront la tournée des jeunes mâles du quartier à la recherche d'une ressemblance physique.

La trame de fonds est celle que vous venez de lire : une post-ado, son quartier, sa famille, ses choix, noyée sous une tonne de vitamines E et de rires en cascade ; et les mains qui n'en peuvent plus de bloquer une page pour se ruer sur le lexique en fin d'ouvrage.
Mais Aya ne se résume pas à un folklore africain avec ses pagnes et ses proverbes très brut de décoffrage mais hi-la-rants. Aya est surtout une jeune fille du tiers-monde, dans une époque encore relativement insouciante, déterminée dans ses choix, et qui jongle avec les traditions, les parents, les normes sociales, pour se frayer son propre chemin de vie.
Une belle âme et une Afrique qui tord le cou à cette vision post-coloniale condescendante que l'on nous tambourine à longueur de JTs. Donc à engloutir d'une traite !

Aya m'a également interpellé avec son Nouchi, un peu l'équivalent d'une darija ivoirienne, dont vous avez eu un aperçu un peu plus haut. Cet argot, véritable langue dans la langue, matérialise justement toutes les influences d'un pays aux racines fortes, ancienne colonie française, mais qui s'abreuve aussi de l'actualité pour inventer des expressions ou des mots.


Ce qui donne, entre le sourire et la sagesse :
Vas parler ça à l'ONU : Causes toujours, tu m'intéresses !
L'oeil qui a vu tarde à apprécier : celui qui a de l'expérience ne juge pas à la va-vite
Le célèbre Si tu empruntes le chemin de je-m'en-fous tu vas te retrouver au village de si-j'avais-su.
Ce n'est pas parce que l'éléphant a maigri que le chat va s'amuser à porter son caleçon.
Faroter : Frimer avec de la contrefaçon
Gaou : une personne out, pas branchouille
Beko : un bisou
Si quelqu'un est Goudri, c'est qu'il est pompette
Sans dessus dessous n'a pas la signification que vous lui connaissez. Elle s'emploie ici pour désigner une fille à la tenue aguicheuse, type sans dessous.
Si c'est Pozy, c'est que c'est cool
Et ma préférée : pour parler de système D abidjanais, on dit "Abidjan, c'est technique!" ;)


En attente du Père-Noël en chef pour réceptionner les tomes 2 et 3 !
Ceci dit, la version sur grand écran est en préparation (sortie en 2011, de quoi voir venir). Décidemment, Persépolis a créé des vocations.


samedi 24 mai 2008

Un Jeudi soir à Bamako

Rokia Traoré est une fée.

Une fée malienne, qui nous a quasi ensorcelé Jeudi soir durant son concert au festival Mawazine. Elle a commencé par nous blueser les tympans, instaurant d’emblée une aura de nostalgie propre à l’Afrique, puis au cours de ces quelques 1h30, a mêlé le blues-folk malien aux rythmes qui se sont fait plus chaloupés.

Et pour chalouper nous avons chaloupé, ayant tout de même l’impression par moments d’être un îlot sautillant dans un océan de statisme. La synergie de groupe d’un public fou sera pour une autre fois.
Le concert a été résumé par Rokia elle-même, sans doute sans le savoir, via cette jolie phrase que je me suis empressé de mémoriser :
Il y a des jours douceur de miel, et des jours amers de fiel.


Merci de noter que ce florilège perso a été filmé, petit «Canon» pacifique au poing, la visibilité parfois réduite, le bras qui fatigue, et l’oubli total que quand on danse en filmant, eh bien logiquement les images tanguent aussi. Je vous évite les parties avec les «waow», les «wouw», et les discussions intragroupe audibles où on se plaint d’avoir mal au pied ! Le partage a ses limites. :)

Sur ce, je vous laisse aller voir Withney Houston sniffer la poussière de la scène Nahda.

P.S : Nous serions bien rentrés plus en transe avec les géniales percusionnistes du groupe Gocoo, qui suivaient, mais à trop jouer les divas (presque 40mns d'attente), elles/ils ont poussé les casablancais claqués d'entre nous à reprendre le chemin du retour avant la fin.

lundi 12 mai 2008

"Waltz with Bashir" ou quand l'actualité tourbillonne autour de Cannes

A 2 jours du coup d’envoi de la 61ème édition du festival de Cannes, l’actualité moyen-orientale braque involontairement les spotlights sur l’un des 22 candidats à la palme d’Or.
A l’heure de ce qu’il convient bien d’appeler la nouvelle guerre civile libanaise, appuyé par une autre actualité de la région, le 60ème anniversaire de l’état sioniste, le film d’animation israélien « Waltz with Bashir » prend une nouvelle tournure.

Qui est donc ce Bashir ? Le synopsis ainsi que la bande-annonce nous indiquent clairement son identité.

L’histoire est une autobiographie, celle du réalisateur Ari Folman qui nous conte un trauma qu’il a occulté pendant près de 25 ans. Nouvellement enrôlé dans Tsahal pour son service militaire, il se retrouvera dans un Beyrouth 1982 à feu et à sang, aux lendemains de l’assassinat de Bashir Gemayel, le « valseur » en question.
Folman sera donc aux premières loges pour ce spectacle fou que fut la 1ère guerre libanaise, et notamment du massacre de Sabra et Chatilla (sujet déjà abordé ici en fin 2007).

Une actualité brûlante qui rejoue l’histoire 20 ans après sur les mêmes rives méditérannéennes, un citoyen israélien qui remet en cause l’un des crimes majeur de l’état auquel il appartient, Sean Penn et sa sensibilité toute droit de l’hommienne aux commandes du jury du Festival, un autre film d’animation, Persepolis, encensé sur les mêmes marches 1 an plus tôt …
... en regardant les extraits suivants, vous serez sûrement en train de visionner la palme d’Or 2008.

dimanche 27 avril 2008

La tour infernale

J’ai honte d’en faire même un jeu de mot cinématographique.
Ce post est une pensée émue pour les familles des 55 personnes disparues et des nombreux blessés dans l’incendie de l’usine de Lissasfa (proche banlieue casablancaise).

Un accident qui aurait pu être évité ou des responsabilités à pointer du doigt ?
En lisant les différents articles, certaines phrases clignotent :
« L’issue de secours était fermée, ça c’est sûr », « des barreaux aux fenêtres »
Pour rappel, c’est une usine de fabrication de matelas, donc le risque de propagation du feu est on ne peut plus décuplée. De ce fait, le plus élémentaire des bon sens veut que les possibilités de fuite en cas de sinistre soient possibles.

« Le feu s’est déclaré vers les 10h », « Les pompiers sont arrivés vers 14h ».
Ils seraient venus de Marrakech qu’ils seraient arrivés plus rapidement !
L’urgence de l’intervention face à un sinistre, surtout d'une telle ampleur, me semble également la définition de base du métier. Implication en environnement CSP C/D/E = ground zero !

Cet événement tragique vient malheureusement appuyer le constat qui, déjà, s’était imposé à la suite de l’effondrement de l’immeuble en construction de Kénitra, en Janvier dernier :
Mais qu’est-ce qu’on entend par normes de sécurité dans ce pays ?

A l'horizon du 1er Mai, j'espére que ce triste événement aidera au moins à engranger un vrai débat sur une politique sociale, en amont : droits du travailleurs respectés (notamment dans des environnements à risque), patronat juridiquement mis face à ses responsabilités par un système judiciaire crédible ...

Il y a trop de colères en ce pays, et des démonstrations de plus en plus nombreuses d'un ras le bol grandissant, de manière plus ou moins pacifiques. Est-ce qu'il faut vraiment attendre que la boule de neige grossisse, jusqu'à ne plus pouvoir la maîtriser, pour agir ?