lundi 26 novembre 2007

Les Gemayel, Fachos family

Des élections présidentielles sans cesse reportées, des années 2005 et 2006 assassines (Hariri, Samir Kassir, Pierre Gemayel …), le voisin sioniste qui a joué aux feux de Bengale sur Beyrouth l’été 2006 … le Liban n’en finit plus de revivre ses vieux démons.
Je ne m’étendrais pas sur les tenants et les aboutissants de la poudrière libanaise, de toutes ses confessions religieuses qui cohabitent mal, de cette Syrie qui n’a jamais accepté d’être amputée de son ex-province (héritage du découpage français du gâteau syrien, au lendemain du protectorat).
Non, pour cela, la toile fourmille de 1001 articles qui sauront éclairer votre lanterne, si tant est que le sujet vous intéresse.

Ce qui me chiffonne, c’est que l’Occident érige Pierre Gemayel au rang de martyr. Petit fils du fondateur des phalanges chrétiennes, glorieux connards responsables du massacre de Sabra et Chatilla, ce monsieur ne s’est pas particulièrement illustré par des propos philanthropiques.

« Les chrétiens libanais, c’est la qualité, et les musulmans, la quantité ».

Sans parler de « l’héritage extrême-droitiste » transmis par Papie Pierre Gemayel et par tonton Béchir (kaput quelques jours seulement après son élection à la présidence libanaise, en 82).
Directement inspirées de la « pensée » fasciste d’une Allemagne hitlérienne (suite au voyage de Gemayel Senior dans le Berlin des années 30), les milices maronites chrétiennes se sont surtout illustrées par leur souci de sticker au millimètre près à l’équation Musulman = cible à abattre.
Equation largement respectée durant les 15 ans de guerre civile libanaise, avec une hécatombe du côté libanais et palestinien.

Bref, tout cela pour vous dire que ceux qui ont raté le reportage sur France 5, consacré aux Gemayel, pourront le voir ci-dessous. A voir avec un œil critique.
Les Gemayel ne sont pas la famille Kennedy orientale que l’on veut faire croire.

Décidément, il y a quelque chose de pourri au "royaume" des Fachos.


lundi 19 novembre 2007

Ecran noir


Black is beautiful !
Exit les références politiques à tous les despotes anciens ou actuels du côté du Zaïre, de l'Ouganda ou de Centre-Afrique (liste abgrégée).
Exit les grands hommes d'état, type Leopold Sedar Senghor, ex président sénégalais mais surtout poète de la négritude
Exit les disparitions violentes des années de plomb mondiales, comme celles de Biko ou Lumumba.

Gros plan sur la Blaxploitation ! Zoomons sur Shaft, Pam Grier et Cie.

Au tout début des années 70, soit près de 10 ans après la reconnaissance des droits civiques des afro-américains, qui auront sacrifié pour cela un Martin Luther King, la communauté noire-américaine bombe le torse et martèle "I'm black and I'm proud !" (slogan des black panthers).


A l'image d'un Cassius Clay, Aka Mohammed Ali, auto-proclamé "the greatest".


Le domaine artistique servira également, pour cela, de vecteur de 1er choix : musique (James Brown, Ike et Tina Turner …), et Cinéma, comme exutoires des tensions sociales.
Cinéma qui ne mettait en scène, jusque dans ces années là, que des noirs dans des rôles de big mama ("oui mamzelle Scarlett"), de majordomes aux gants blanc et autres références très Banania, équivalents à notre image "d'indigènes" ou de "bougnoule" de service, dans le cinéma colonial. "Devines qui vient dîner ce soir", en l'occurrence Sydney Poitier en fiancé surprise, sera une exception.



Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, la communauté se rebelle de nouveau et, réponse du berger à la bergère, rétorque "Shaft", "Coffy" (BO de Roy Ayers, à vos mules) ou "Foxy Brown" (Foxy Lady) : des films réalisés par et pour la communauté black.
Les personnages s'y affirment hauts et forts comme ébènes, avec des afros géniales, du caractère à revendre (Pam Grier, wonderful panthère noire, et uppercuts distribués en masse), un côté olé olé indéboulonnable (95 C de rigueur, tapis peau de bête ou draps rouges en satin à dispo …) et la démarche funky-groovy, au sein de la Street life.

Objectivité oblige, la filmographie blaxploitation est plutôt (et même carrément!) axée Série B.

On ne regarde Shaft (référence perso en la matière) ni pour l'histoire de ce détective privé, don juan, qui éjecte les petites frappes par la fenêtre et déambule sur les trottoirs de Harlem, ni pour le suspens haletant de l'intrigue. Encore moins sous le prétexte que le film ai gagné un oscar (un grand mystère du 20ème siècle!).
Non, on regarde Shaft pour "l'ambiance" trottoirs des bas-fonds new-yorkais, pour vivre le réveil black de l'intérieur, pour l'esthétique colorful, pour la cool attitude, et bien sûr, pour la BO de Isaac Hayes.
Sans mentionner le fait que l'on s'attend, toutes les 2 secondes, à voir débouler Huggy les bons tuyaux !



Tout comme la gent masculine (Tarantino, en tête) n'a pas élevé Pam Grier au rang d'icône pour son sens aiguë du jeu mais bien pour son profil atomique.
Celles que l'on appelait les black chicks (la poulette précitée et Tamara Dobson dixit le personnage de Cleopatra Jones) jouaient les amazones urbaines vengeresses, et accessoirement les fantasmes ambulants, pointant le canon de leur guns sur les bad boys du ghetto et d'ailleurs.
Ceci ne cite que les films clés du mouvement de la Blaxploitation. Toutes les sorties à classer série Z, et aux titres hilarants n'ont pas eu droit de cité. Mais, histoire de vous faire sourire, sachez que le mouvement a connu un "Blacula" (the black vampire).


Il faudra attendre un Spike Lee (Malcom X, Do the right thing, Inside man …) pour que la communauté trouve son réalisateur fétiche, et se détache de son exorcisme exagéré.
Au-delà de ses 1ers films engagés, dénonciateurs du racisme qui-ne-se-dit-pas d'une américaine blanche (Jungle Fever), Lee se permet des "Inside man" ou des "Summer of Sam", qui ne focusent pas sur la condition noire.
Est-ce à dire que Lee a vendu son âme au diable ou que l'ère du poing levé n'a plus lieu d'être ?

En tous les cas, la Blaxploitation fût le reflet d'une Amérique noire qui se cherche, et revendique toutes les erreurs dues à cette adolescence. Le droit au nanar !