dimanche 20 avril 2008

Carnets de route ou des rêves en bandoulière

Ces derniers temps, beaucoup de road trips ont défilé devant mes mirettes tantôt ébahies, tantôt déçues. Des films qui manquaient à ma soif ciné, jamais étanchée, ou l’un des fruits de la moisson plutôt réussie de ce 1er quadrimestre 2008.
Je ne les aborderais pas tous, mais me pencherais notamment sur ce Croc blanc sans loup qu’est Into the wild.
Rien de nouveau sous les tropiques, Zazie l’ayant déjà croqué sous sa plume, mais le voir enfin a entraîné 2 semaines de doigts qui ne demandaient qu’à courir sur le clavier.

J’ai beaucoup repoussé l’appel de Into the wild, sachant que je ne pourrais pas ne pas le voir … sachant surtout que je l’aimerais ET le détesterais.
Comme tous ces films qui mettent le doigt là où ça fait mal, mais qui en même temps sont bénéfiques justement parce qu’on apprend à reconnaître et faire face à un malaise.
Ne nous voilons pas la face. Ecrire est une démarche solitaire ! Oublions, pour l’instant, l’argument du partage.
Ecrire, c’est, avant tout, s’isoler face à la page blanche, et c’est aimer le faire.
Il faut donc accepter cette part d’ascète ou d’ermite en nous, qu’il convient tout de même de faire cohabiter avec notre animal social, au risque de s’isoler sur une chimérique île déserte.
Rien ne sert d’être aussi extrémiste.
Alex/Christopher a, lui, osé l’extrémisme. Jeune homme encore emporté par la fougue et l’idéalisme, il décide de partir sur les routes d’Amérique, à la recherche de réponses à une question qui, à la base est mal formulée.
Tendre Don Quichotte sans destrier, il part croit-il pour trouver sa vérité, qu’il pense trouver en étant en total communion avec la nature. Une démarche un peu christique, histoire de s’éloigner des marchands du temple (tous ces matérialistes qui s’ignorent) qui ont pervertis le monde.
D’ailleurs, sans vouloir dévoiler la fin du film, son visage amaigri et mangé par une barbe claire dans la dernière scène n’est pas sans faire penser au prophète du christianisme.
Bref, il veut faire peau neuve, et pour cela jette son costume de Christopher Mc Candless pour celui d’Alex Supertramp, un Super vagabond qui rencontrera sur sa route des hippies pas si joyeux, un vieil homme en quête de famille, un Vince Vaughn, gaillard un peu filou égal à lui-même, un bus magique au fin fonds de l’Alaska, et surtout une Mère-Nature qui se révélera bien plus cruelle que le monde des hommes.

Dans ce départ avec one-way ticket, sans le réaliser, ce sont plutôt ses parents qu’il fuit. Est-ce que j’irais jusqu’à dire que ce qui se voulait une quête initiatique n’était finalement qu’une banale fugue ?
Non.
Parce que tellement de messages remue-méninges se bousculent dans cette œuvre, qu’il serait injuste de ma part d’opérer un tel raccourci.
Le plus beau message que je retiendrais de Christopher Mc Candless, c’est cette conclusion magnifique qui s’imposera à lui :

« Happiness only real when shared ».

Les tuiles qui lui tomberont dessus commenceront vraiment à partir du moment où il s’isole, avec plus aucun autre être humain à portée de vue.

Après les très sombres, mais néanmoins très bons, 21 grams et Mystic River, Sean Penn nous promène ici dans une évadée lumineuse. Qui sait, peut-être même nous fera-t-il l’honneur d’un happy end dans 2 ou 3 films !

Mais on ne s’aventure pas toujours, sur les routes, poussé par ses guerres intérieures. Celles qui font rage de par le monde, sont aussi les muses de road trippin sur pellicules.

Aussi, je n’oublie surtout pas le très beau film iranien Le tableau noir, de la réalisatrice Samira Makhmalbaf, récompensé du prix du jury à Cannes, en 2000.
Suite à un bombardement en pleine guerre Iran-Irak, côté Kurdistan iranien, des instituteurs partent sur les routes à la recherche d’élèves.
Leurs imposants tableaux noirs sur le dos, il suivent les convois de civils sur les chemins montagneux et, au gré des rencontres ou des situations, voient leur tableau occuper différentes fonctions : rempart contre les tirs de snippers, porte éphémère pour une chambre de nuit de noces … tout sauf sa fonction première qui devrait être celle d’un vecteur de savoir.
L’Iran de Persépolis est très sympathique mais c’est un Iran bourgeois, un peu le Marock perse.
Dans Le tableau noir, c’est un Iran plus populaire et moins urbain que l’on découvre, sur fonds de survie et d’obligation d’errer sur les routes en évitant les tirs ou de tomber dans le ravin.
Les instits croiseront sur leur route une nuée d’enfants et d'adolescents contrebandiers, un vieil homme analphabète qui demande à ce qu’on lui lise la lettre de son fils, des vieillards … l’un des 2 enseignants s’amourachera même d’une veuve, avec à la clé une scène de drague complètement décalée, où il rame sévèrement en essayant de lui apprendre à écrire Je t’aime.

Sans vouloir faire une opposition bête et méchante entre le noir et le blanc, Le Ballon blanc est aussi une petite merveille du cinéma iranien.
C’est, si l’on n’est pas trop regardant, également une sorte de road tripping. Disons un street tripping, par un petit bout de chou et son frère qui partent acheter un poisson rouge pour la fête du nouvel an perse.
De condition modeste, leur mère leur donne les quelques pièces pour acheter ce poisson, mais leur route pour arriver chez le marchand sera semée d’embûches.
J’ai toujours pensé que le petit garçon dans Kramer vs Kramer était une des plus adorables petite chose que j’avais pu voir sur pellicule. La petite fille du Ballon blanc m’a fait changé d’avis !

Pour clore ces quelques réflexions sur la route, et d’ailleurs qui chantent ou qui pleurent, je vous conseille vivement de jeter un coup d’œil aux croquis de femmes du monde de ce casablancais de naissance qu’est Titouan Lamazou, ou aux aventures de Corto Maltese.
Dans ces quêtes du Graal imagées aux couleurs chaudes, on voyage et on se perd comme autant de Petit Poucet, aussi poétiquement que dans toutes les grandes vadrouilles filmées du monde :)
Titouan Lamazou

7 commentaires:

Lato sensu a dit…

je vous admire! Sachez le! Ensachez le et chassez le!

Anonyme a dit…

lato psycho!

Couscous Poulette a dit…

Sachez que vous êtes un gentil petit monsieur Lato :) Sachez le !

Anonyme a dit…

Blog très sympa!

Lato sensu a dit…

nalé!! on se fait tabasser chez vous couscous!

Couscous Poulette a dit…

Merci :)

Lato, depuis quand ???

Lato sensu a dit…

depuis le temps...