jeudi 21 février 2008

Crosswalk


Planter les graines du changement.
Je sais que ça sonne comme une bonne blague en ces temps de Mourtada (je ne referais pas le débat : il a joué avec le feu, et la réaction a été disproportionnée), mais entre les lignes on lit bien un renouveau.
Bien sûr, il n’est pas du côté du Makhzen, les faits sont là … pas de sous-fifres zélés qui tiennent.
Là où il y a changement, c’est du côté du Mr et Mme Tout-le-monde.
Pour qu’un jeune marocain prenne ce genre de risque bêta, c’est qu’à ses yeux, ce n’en était pas un. C’est que, pour lui, les choses avaient bien évolué, dont acte.
Il sera très difficile pour le Makhzen d’enlever brutalement à ce pays la liberté qu’il nous a fait goûter. Car malgré toutes les tracasseries quotidiennes que l’on puisse vivre, nous avons assurément mis un pied de l’autre côté du changement, et nous en sommes au stade où il faut se mettre en équilibre sur une jambe pour passer de l’autre côté.
Des tacles il y en aura, mais vas arrêter une machine lancée à toute allure.
Ceci n’est pas un énième grain de sel rajouté à l’affaire, ni une 1.000ème signature à la pétition à la Abel Chemoul.

S’il est une pétition que je signerais, c’est celle pour Ahmed Nasser, Med Bougrine, pour le retour de Jamaï fils et pour Mourtada.
Pourquoi ? Parce que Ahmed Nasser, bien que plus âgé que Salvador à l’heure de son grand départ, n’a pas dû beaucoup rigoler dans les geôles de Settat, avant de passer l’arme à gauche.
Parce que ça fait plus d’un an que Bougrine croupit du côté de Beni Mellal, et qu’aucun vent d’indignation semblable à celui que je vois aujourd’hui n’a même frémit.
Parce que quand Jamaï se barre tellement il en a marre, je dis que 2 Jamaï (père et fils) valent mieux qu’un.

P.S : J’ai énormément de sympathie pour Ibn Kafka qui martèle les cas de Ahmed Nasser et de Bougrine, dans un océan de Mourtada.

Et pour Aïcha Quandicha aussi … il est des points où je ne suis absolument pas d’accord avec elle, mais de quel droit je lui tirerais dessus à la kalachnikov parce qu’elle ose émettre un avis contraire à la blogoma bien pensante ? On critique le manque de démocratie du pays, mais on reproduit exactement le même mode de pensée par ici. Les carrés VIP autoproclamés, non merci.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

preums!!!!! je suis tout à fait d'accord, j'ai honte de me dire que dans mon pays a croupi avant de décéder en prison un vieillard de près d'un siècle ...
tu as raison sur un point très important: il y a un décalage entre la marche pleine d'entrain entamée par le commun des citoyens, et le pas lourd et hésitant du makhzen. pas question de ralentir la cadence, il serait temps qu'ils se rattrapent leur retard!

Anonyme a dit…

L'affaire Bougrine mériterait une attention particulière.

Couscous Poulette a dit…

Mourtada aura finalement écopé de 3ans (même peine que feu Nasser et Bougrine), et ce malgré ttes les protestations ... Causes toujours quoi !

Le débat continue sur la blogosphère et dans les médias dignes de ce nom, mais je ne vais pas venir plusieurs jours après pour mettre mon petit point sur mon petit i.
Parmi les nombreux écrits qui pleuvent sur les jugements ubuesques de 2007-2008, je me permet juste de relever l'article du dernier Journal hebdo en date "Sacrée intolérance", qui retrace les affaires Nasser et Bougrine (via le cas des détenus du 1er Mai).
La partie sur les conditions de détention de Ahmed Nasser donnent LA RAGE !

Zazie, en référence à ton avant-dernier post sur le retour, une question additionnelle : quitter un pays où la culture du débat est un fait pour un pays où elle se résume, stricto sensu, à un monologue ?

Zee, oui, la presse ressort les dossiers des prisonniers politiques de l'année écoulée. L'affaire Mourtada a déclenché un remue-méninges de taille.