Ce n’est pas pour rien que les cinémas populaires de Casablanca et de Navarre sont plastiqués d’affiches estampillées HollyBolly.
Mon père, cartésien à 98 % et philosophie je pense donc je suis à 2%, ne jure que par les vieux films français (ADN vous avez dit ADN ?) et par le Cinéma national quand il nous fait l’honneur de sortir un film qui ne soit ni prise de tête (qui a déjà subi Rhésus ?) ni sexuellement exutoire (cf : Une minute de soleil en moins, de N. Ayouch).
Bon, à titre de contre-exemple, il a quand même bien aimé Le gouverneur de l’île de Chakerbakerben, film qui très objectivement n’a ni queue ni tête, au-delà de la rime sympathique de Chakerbakerben Kerbakerbakerben. Bref, quelqu’un qui aime plutôt le cinéma qui fera travailler ses neurones mais pas trop non plus, et les émissions littéraires de la Cinquième. A priori, pas de prédispositions pour les productions de Bollywood, voire même un hermétisme total !
Ceci étant dit, un jour, il tient à m’accompagner chez mon dealer de dvds attitré. On arrive, je balance au vendeur les titres de quelques films connus de la place et j’attends que la boutique se vide pour lui annoncer, beaucoup plus discrètement 2 ou 3 films indous.
Pendant tout ce temps j’évite le regard de mon père qui n’en a pas raté une miette.
On s’en va, et il attend qu’on soit dans le cocon voiture pour me dire, sans détours :
« Tu regardes les films indous ? Eh ben, si c’est pas du grand écart culturel ! »
S’en suivi toute la panoplie de critiques contre le cinéma indien et tous les argumentaires pour le défendre, à savoir ce qui suit.
Ce sera vraiment un survol de la question, une mise en bouche comme qui dirait.
Comme il faut bien commencer par quelque chose, concentrons nous sur Shahrukh Khan, à ne pas confondre avec Gengis, Chaka (chanteuse originale de I’m every woman) ou Dominique-Strauss. Pour les non-initiés, Sharukh Khan c’est LA STAR du cinéma indien, bon tout de même après Amitabh Bachchan dit la classe. Ah Khan, là où il passe les cœurs trépassent !
Ce quarantenaire, dieu vivant en Inde, a trouvé une niche bien confortable dans le type de personnages qu’il incarne. Le malicieux-comique, bourré de charme, malgré un nez gros comme une patate, mais qui cache toujours une fêlure émotionnelle sans aucun rapport avec la btata en question. En général, les options possibles de cette sedma vont de la déception amoureuse au rejet parental dû à un désaccord sur la future bru, en passant par la mort d’un être cher.
Bon là les spectatrices lui sont déjà toutes acquises, corps et âme. Reste à rameuter les mecs. Et c’est là que la mise en image de la testostérone fait son apparition. Quelques bastons ici et là mais sans être vraiment son créneau (pour cela, s’adresser plutôt à des Salman Khan dit Gonflette-poichiches ou Hrithik Roshan dit el aouinat), du machisme amoureux genre je t’attrape la donzelle par les poignets quand elle veut s’échapper, ou encore le regard de la mort qui tue savant mélange de moi-vouloir-toi et de chromosomes XY en masse.
Bon bien sûr il pousse la chansonnette (playback vous avez dit playback ?) et nous montre son talent en bollydanse, mais ce sont des passages obligés même pour les plus bodybuildés de ses confrères, avec plus ou moins de crédibilité.
Donc, ce cher Sharukh pratique très bien sur ses spectateurs l’ascenseur émotionnel : un coup tu ries comme un phoque, un coup tu chiales comme une madeleine.
Et avec toutes ces petites épices S.K, digne représentant de Bollywood, nous concocte un poulet tandoori succulent et pour le coup digeste.
C’est mon humble avis, et comme disait l’autre, tout le monde a droit à mon avis !
Tout ça, c’est plein de couleurs, c’est vivant, et ça ne se prend pas trop la tête. C’est vrai, ça tourne pratiquement toujours autour de l’amour, la famille, les valeurs avec des clins d’œil aux références religieuses et culturelles indiennes (qu’en tant que profane on ne remarque pas forcément), avec un tour de chant par ci par là…mais…eh alors ?
On pardonne facilement les quelques incohérences du scénario tout comme on l’a fait pour Marock ou d’autres productions nationales ? Pourquoi ? Parce qu’on a de la sympathie pour des personnages ou une histoire à laquelle on s’identifie (solidarité tiers-mondiste), parce qu’ils n’ont pas les moyens d’un blockbuster américain, parce que parce que parce que…
Les chorégraphies sont magnifiques (Béjart aux oubliettes), les chansons sont tamponnées à l’encre rouge dans notre cerveau gauche et l’on se surprend à chantonner des airs plus tard dans la journée. Bon, on comprend pas un mot de ce qu’on chante et ça donne à peu près ce qu’un ado qui viendrait de commencer ses cours d’anglais chanterait : une concentration à mort sur les refrains fastoches, les yeux mi-clos et l’air ouais-je-maîtrise qui va avec.
Sauf qu’en anglais ça le fait ! En hindi ……
Et de toute façon personne ne m’entend baragouiner en hindi vu que je suis une hindiphile honteuse. Rien ne saurait entacher mon image de cinéphile super-pointue, et je serais malheureusement dans l’obligation de zigouiller ceux qui me lisent et qui connaissent mon identité. Tous les Agatha Christie lus dans le passé trouveront là toute leur utilité !
Ceci étant dit, un jour, il tient à m’accompagner chez mon dealer de dvds attitré. On arrive, je balance au vendeur les titres de quelques films connus de la place et j’attends que la boutique se vide pour lui annoncer, beaucoup plus discrètement 2 ou 3 films indous.
Pendant tout ce temps j’évite le regard de mon père qui n’en a pas raté une miette.
On s’en va, et il attend qu’on soit dans le cocon voiture pour me dire, sans détours :
« Tu regardes les films indous ? Eh ben, si c’est pas du grand écart culturel ! »
S’en suivi toute la panoplie de critiques contre le cinéma indien et tous les argumentaires pour le défendre, à savoir ce qui suit.
Ce sera vraiment un survol de la question, une mise en bouche comme qui dirait.
Comme il faut bien commencer par quelque chose, concentrons nous sur Shahrukh Khan, à ne pas confondre avec Gengis, Chaka (chanteuse originale de I’m every woman) ou Dominique-Strauss. Pour les non-initiés, Sharukh Khan c’est LA STAR du cinéma indien, bon tout de même après Amitabh Bachchan dit la classe. Ah Khan, là où il passe les cœurs trépassent !
Ce quarantenaire, dieu vivant en Inde, a trouvé une niche bien confortable dans le type de personnages qu’il incarne. Le malicieux-comique, bourré de charme, malgré un nez gros comme une patate, mais qui cache toujours une fêlure émotionnelle sans aucun rapport avec la btata en question. En général, les options possibles de cette sedma vont de la déception amoureuse au rejet parental dû à un désaccord sur la future bru, en passant par la mort d’un être cher.
Bon là les spectatrices lui sont déjà toutes acquises, corps et âme. Reste à rameuter les mecs. Et c’est là que la mise en image de la testostérone fait son apparition. Quelques bastons ici et là mais sans être vraiment son créneau (pour cela, s’adresser plutôt à des Salman Khan dit Gonflette-poichiches ou Hrithik Roshan dit el aouinat), du machisme amoureux genre je t’attrape la donzelle par les poignets quand elle veut s’échapper, ou encore le regard de la mort qui tue savant mélange de moi-vouloir-toi et de chromosomes XY en masse.
Bon bien sûr il pousse la chansonnette (playback vous avez dit playback ?) et nous montre son talent en bollydanse, mais ce sont des passages obligés même pour les plus bodybuildés de ses confrères, avec plus ou moins de crédibilité.
Donc, ce cher Sharukh pratique très bien sur ses spectateurs l’ascenseur émotionnel : un coup tu ries comme un phoque, un coup tu chiales comme une madeleine.
Et avec toutes ces petites épices S.K, digne représentant de Bollywood, nous concocte un poulet tandoori succulent et pour le coup digeste.
C’est mon humble avis, et comme disait l’autre, tout le monde a droit à mon avis !
Tout ça, c’est plein de couleurs, c’est vivant, et ça ne se prend pas trop la tête. C’est vrai, ça tourne pratiquement toujours autour de l’amour, la famille, les valeurs avec des clins d’œil aux références religieuses et culturelles indiennes (qu’en tant que profane on ne remarque pas forcément), avec un tour de chant par ci par là…mais…eh alors ?
On pardonne facilement les quelques incohérences du scénario tout comme on l’a fait pour Marock ou d’autres productions nationales ? Pourquoi ? Parce qu’on a de la sympathie pour des personnages ou une histoire à laquelle on s’identifie (solidarité tiers-mondiste), parce qu’ils n’ont pas les moyens d’un blockbuster américain, parce que parce que parce que…
Les chorégraphies sont magnifiques (Béjart aux oubliettes), les chansons sont tamponnées à l’encre rouge dans notre cerveau gauche et l’on se surprend à chantonner des airs plus tard dans la journée. Bon, on comprend pas un mot de ce qu’on chante et ça donne à peu près ce qu’un ado qui viendrait de commencer ses cours d’anglais chanterait : une concentration à mort sur les refrains fastoches, les yeux mi-clos et l’air ouais-je-maîtrise qui va avec.
Sauf qu’en anglais ça le fait ! En hindi ……
Et de toute façon personne ne m’entend baragouiner en hindi vu que je suis une hindiphile honteuse. Rien ne saurait entacher mon image de cinéphile super-pointue, et je serais malheureusement dans l’obligation de zigouiller ceux qui me lisent et qui connaissent mon identité. Tous les Agatha Christie lus dans le passé trouveront là toute leur utilité !
Ceci étant dit, revenons à nos vaches sacrées.
Donc, au détour des conversations bollywoodiennes, on devine même la présence étymologique de quelques mots en arabe, preuve s’il en est des invasions musulmanes du passé. Les exemples qui me reviennent en mémoire à l’instant présent sont les mots « Bass » qui veut aussi dire stop, et "Dounia" pour le monde.
Bon, je vais pas non plus vous jouer le refrain de je fais une étude sociologique du cinéma bollywoodien. Simplement, s’il y a des jours où vous êtes gavés de journaux télé gores, que vous n’avez pas une envie folle qu’on vous renvoie une vision pessimiste du monde, type Dogville qui est quand même un très bon film, que vous vous sentez l’envie de découvrir une autre culture, eh ben zou, direction un Lagaan, un Kabhie Khushi Kabhie Gham, une Mother India, un Devdas un chouia plus triste, ou un Water.
En très résumé, Lagaan c’est l’Inde sous occupation anglaise, KKKG c’est les joies et tristesses d’une famille indienne avec le couple Sharukh Khan - Kajol en amoureux ciné attachants, Mother India sorti en 1957 c’est mère courage, ou la femme indienne tiraillée entre les traditions (Parampara = traditions en hindi) et un pays qui s’ouvre à la modernité, Devdas c’est Roméo et Juliette à la sauce masala avec encore une fois Shahrukh en Roméo, et enfin Water c’est le sort réservé aux veuves en Inde, quelque âge qu’elles puissent avoir.
Ultime argumentaire ? L’Inde filmée regroupe l’un des plus haut taux mondial (me demandez pas les chiffres !) de beaux gosses et bogossates au mètre carré. La palme de la classe revient à un sexagénaire magnifique, Amitabh Bachchan, cité plus haut. Il a d’ailleurs transmis à son fils Abhishek son charme, sa voix de bariton et son mètre 90, fils qui d’ailleurs va se marier avec Aishwarya Rai, ex-miss monde, actuelle égérie l’Oréal et actrice dans Devdas. Et la boucle est bouclée.
Et puis, rien ne sert de résister, vous êtes cernés. La vague Bollywood est lancée. Le Mégarama a passé quelques crus Bolly sur ses écrans noirs, 2M cède pendant quelques nuitées du mois de Ramadan. Canal programme quelques films et Arte organise en 2005, une semaine indienne, sous la houlette de Fréderic Mitterand, ainsi qu’au Grand Rex.
Pascal de Bollywood, émigré pendant un temps en Inde, en est revenu tout imprégné de la culture mais au degré kitch suprême. Il a quand même sortie une version hindi de La vie en Rose, qui est à écouter pour le vrai décalage !
En 2004, le Centre Pompidou a organisé une Rétrospective du Cinéma indien populaire.
Au niveau mondial, le spectacle BHARATI il était une fois l’Inde cartonne, le Time a mis en couv’ Ashwarya Rai, décrétée « Nouveau visage du Cinéma » et l’une des 100 personnes les plus influentes de la planète ! Lagaan a été nominé pour l’Oscar 2002 du meilleur film étranger, Le film Water l’est également cette année en même temps qu’ Indigènes, et est soutenu par l’Unicef…
Voilà, si le sujet vous intéresse et que vous voulez en savoir un peu plus, allez voir les sites suivants :
http://www.fantastikasia.net/ (des critiques honnêtes, sans compromissions, au-delà de la fan-itude gaga).
http://www.indeaparis.com/
Si vous voulez doublez des films hindis à votre sauce :
http://www.grapheine.com/bombaytv/
4 commentaires:
Pour ce qui est de l'analogie avec la bouffe, je préfère la pakistanaise. Ce que j'abhorre par dessus tout, cet ethnocentrisme sur la base duquel on construit tous nos jugmements. Les Asiatiques ont droit à leur sensibilité, j'ai récemement regardé un film hong-kongais fantaisiste à souhait, tout à fait joussif, à l'humour déjanté, et par moment, très poétique. Un film de Stephen Chow, qui m'a fait réaliser à quel point nous, Afro-européens, vivons dans une sphère culturelle bien disctincte de l'Asie, l'autre Monde possible, finalement. Vraiment, nous faisons partie du petit village monothéiste, avons sensiblement les mêmes cultures. Là-bas, même l'architercture parle un langage tout fait de courbes et de boules, obélisques incurvés, tout commme ces longues mélodies dont la durée n'est pas indiquée sur la partition, et ces divisions irrégulières du spectre sonore. L'Asie est un véritable autre monde , un monde à découvrir. Je salue ta curiosité.
PS: le film en question c'est "Kung fu Hustle", titre US: "Crazy Kung fu"
Tiens, ça me rappelle cette fameuse histoire du type qui se dit, à ma droite c’est l’est, à ma gauche c’est l’ouest, devant moi c’est le nord, derrière moi c’est le sud. Conclusion, je suis le centre du monde.
Je pense que ça rejoint pas mal ton analyse.
Oui, les mirettes ethnocentriques à travers lesquelles on juge ou voit le monde ont encore de beaux jours devant elles, le fameux thème philo de l’Autre et des histoires d’ego mal placés. Mais ceci étant dit, on ne peut pas renier le fait que le monde arabe et musulman soit frère, voire cousin avec l’Inde : des cultures de l’émotionnel (dixit un Malek Chebel en conférence-débat au Salon du livre de Casa, en parlant d’un tout autre sujet) et des valeurs communes citées dans le post (famille etc…), qui font que le cinéma bollywoodien a un public tout trouvé dans ces pays arabo-musulmans.
Pour ce qui est du cinéma hong-kongais, j’avoue en être resté à Wong Kar Wai et son In the mood for love, mais j’ai bien noté le Kung Fu Hustle.
Et je ne connais pas la cuisine pakistanaise :)… God bless Google pour l’idée sur la question, mais pour les joies du palais, pas sûre d’en trouver à Casa ? Quelle est la différence avec l’indienne ?
Premièrement c'est Halal. C'est à dire que leur viande est plus saine car elle contient moins de sang -premier vecteur de bactéries et de virus.
Les recettes qd à elles sont sensiblement les mêmes, si ce n'est que la pakistanaise est légérement plus subtile, le curry étant une spécialité indoue. Ce qui n'enlève rien au curry. Les Pakistainais ont seulement un petit défaut: la main un peu légère pour ce qui est du piquant, alors si t'as la chance d'y goûter, va-z-y franchement avec un gros : NOT SPICY!!! Tu te garderas ainsi une chance de pas appeler les pompiers avant la fin du repas. Un délice sinon. Toutes sortes de ragout nâpés sur un lit de riz multicolore ou Basmati (spécialité régionale), ou encore leur délicieux pain légers sortant du four et beurrés généreusement avant service; rappelant un peu les pitas libanais mais en bcp mieux. À noter également, une épice, qui m'est inconnue, carectérisant le style pakistanais, et qui laisse un arrière goût succulent après chaque bouchée. bon ap. ;)
A tester donc ! Mais le côté Halal n'est pas ce qui me parle le plus, sinon je n'aurais pas mangé grand chose quand j'étais étudiante en France. Bon ça c'est fait.... :)
Sinon ça donne faim ! Je sais pas pourquoi, mais ça m'a l'air d'être aussi pas mal proche de la cuisine iranienne, que d'ailleurs je n'ai jamais goûté et que je vois pas pourquoi j'en parle.
Merci pour l'info.
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