dimanche 10 juin 2007

Vol au-dessus d'un nid de coucous allemands

Loin des cascades spectaculaires de l’inspecteur Derrick, à reléguer tout au plus à des dimanches pluvieux, la fière Germanie recèle des trésors d’artistes à l’extravagance folle.
Entre un Karl Lagerfeld au phrasé sarcastique magnifique (fan absolue je suis) et une cohorte de mannequins blondes, on trouve quelques personnages qui ont fait de l’extravagance un mode de vie et d’expression.

Le 1er nom qui me vient à l’esprit est Klaus Nomi, puis en me retriturant quelque peu les méninges, jaillissent également un inquiétant Klaus Kinski et une folle punkette Nina Hagen.
Voici un tableau succinct de la dinguerie prussienne.

KLAUS NOMI
Petit Pinocchio extraterrestre, Klaus Nomi était la quintessence de l’esprit Underground new-yorkais (exporté d’Allemagne). Il se devait ainsi de mourir dans des conditions glauques au possible. Au choix, overdose, sida …En l’occurrence, c’est le virus qui aura eu raison de lui.

Ce gay-lurron, aux faux airs du Petit Prince, posait sa tessiture de ténor mix castrat sur des airs de cabarets. Mmmm, de Simple man à Waisting my time, difficile de définir le style Nomi. Androïde du côté vestimentaire, maquillage de geisha, voix d’opéra, être bizarre … tout cela à la fois.
Choriste de Bowie, période Ziggy Stardust, au cours d’un Saturday Night Live d’anthologie, ces 2 doux dingues ne pouvaient que s’entendre. C’est d’ailleurs cette apparition télévisée de 1978 qui propulsera Nomi au rang d’icône. Il n’aura été, cependant, qu’une comète filante étant donné qu’il sera l’un des 1ers cas de stars mortes du Sida, au début des 80s, avec Rock Hudson.
Pour les curieux, vous pouvez essayez de vous procurer « The Nomi Song », le film docu qui lui a été consacré il y a 2 ou 3 ans.




KLAUS KINSKI


L’autre Klaus a ceci de commun avec un Jack Nicholson, qui est que leur visage les prédispose naturellement à des rôles de diablotins ou de carrément siphonnés.
Klaus, qui dans la vie était un peu Shining aussi, a cumulé les rôles de personnages à ne pas croiser dans une impasse déserte, un soir de pleine lune.
Marquis de Sade, Nosferatu, Jack the ripper, il fut tout cela à la fois, et avec une aisance à intégrer le personnage qui en dit long sur le fait que ce n’étaient pas vraiment des rôles de composition.

Les anecdotes sur ses frasques lors des tournages sont sans fin. Son histoire de Haine/Amitié avec le réalisateur Werner Herzog pimentait leurs projets ciné en commun. Les crises de Kinski lors du tournage de « Aguirre » en Amazonie font partie des légendes des making-off, et ont même donné naissance à un docu de Herzog himself, baptisé « Ennemis intimes ». On y voit Klaus, régulièrement la machette à la main, et multipliant les attaques verbales et physiques à l’encontre de Herzog.

Dans cet extrait, on y apprend d'ailleurs que les indiens enrôlés dans le film comme figurants avaient proposé à Herzog de tout simplement liquider la peste Karl.

N’étant pas à une brouille près, il était également fâché avec sa fille, Natassja, pour un passage quelque peu incestueux dans l’une de ses autobiographies.

Hormis l’aura trash de l’individu en question, sa filmographie est plutôt inégale. Il aura aussi bien mixé les œuvres réussies :
- le polar Lautner-ien Mort d’un pourri
- le western spaghetti Sergio Leone-ien Pour quelques dollars de plus
- un petit rôle dans Docteur Jivago
- Jack l’éventreur …..

que les navets retentissants, mais qui avaient l’avantage certain d’être une manne à fric :
- A la poursuite de la Pierre sacrée, un espèce de machin entre « A la poursuite du diamant vert» et « Indiana Jones », qui déjà ne sont pas ce que Hollywwod a produit de plus réussi
- Androïde
- Les poupées sanglantes du Docteur X
- Shangaï Joe

Bon, alors pour le 2ème Klaus, c’est fait !

Nous en arrivons ainsi, lentement mais sûrement, vers la seule représentante féminine de la folle Germanie, dans ce post.


NINA HAGEN


Une vraie Punkette en diable, une rockeuse trash, qui chantait du Janis dans les clubs avant la gloire. D’ailleurs, c’est fou (on reste dans la thématique!) comme toutes les rockeuses underground se réclament de Janis, bien que selon moi, aussi sympathiques me soient elles, aucune n’arrive à la cheville de la Queen of the Bees. Mais laissons là Janis, qui fera mes choux gras dans un post spécial que pour elle.

Nina donc ! Née berlinoise de l’Est dans les 50s, elle se fait expulser manu militari d’Allemagne en Décembre 1976, pour cause de "trop de trash tue le trash". Elle prend un aller simple vers Londres, capitale Rock et Punk s’il en est. Ses potes sur place sont, entre autres, les Sex pistols.

Elle repart en Allemagne, crée un groupe, et sort son 1er album en 1978, sous le nom de Nina Hagen Band. Néanmoins, son album le plus célèbre restera Unbenhagen, écrin du célèbre African Reggae.

Nina a l’avantage certain, sur les 2 autres gugus de ce post, d’être encore parmi nous, bien qu’elle se fasse rare. Et en parlant de rareté, vous trouverez sur ce lien des extraits de concerts et autres apparitions de Nina qui ne font pas partie des images habituelles que l’on connaît d’elle.

Voici pour un tour d'horizon d'une Allemagne déjantée, bien loin des séries ennuyeuses où les soft courses poursuites sont à la gloire de BMW.

Pour la petite histoire, Nina Hagen, mis à part African Reggae, c'est pas ma tasse de thé.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Preuuuuuum's!!!
Tes posts, toujours un pur régal!
Tu as vraiment assuré de faire un post sur la folie prussienne, je ne sais pas pourquoi mais les allemands n'ont pas souvent la côte avec le grand public, ni au cinéma ni en musique; ça doit probablement provenir de la langue...?
J'attends avec impatience ton post sur Janis Joplin, que j'adoooooore!
Je ne sais pas si tu as vu dernièrement "La vie des autres" de Florian Henckel von Donnersmarck, qui parle des méthodes de repression de la Stasi d'allemagne de l'Est au début des années 80. Ce film est un chef d'oeuvre où tous les codes sont bouleversés: personne n'est vraiment ce qu'il semble être, et les véritables héros ne sont pas vraiment ceux que l'on croit. Un univers ultra-réaliste, reconstitué parfaitement. A voir absolument (en se passant lexcellentissime "Good Bye Lenine" juste avant, histoire de bien se ré-impregner de l'univers de l'époque)
En tous cas, chapeau bas miss! comme d'hab, je suis jamais déçue! (dommage que tu te fasses si rare)
Et d'ailleurs, je te lâcherais pas sur mon post de "Wild at heart"!!! :)
Des bizous de Zazou
(je sais que j'avais promis un commentaire inspiré, mais promis là je donne tout ce que j'ai..!!)

Brilliant Brain a dit…

Hi leute!

Bonjour à toutes les germanophiles (non-germanophones?)

@ zaz: je suis bien d'accord avec toi Couscous est un régal :P
Tu m'as donné le gout de mater "la vie des autres" et je partage ton opinion concernant "Good Bye Lenine", succulent!

@ Couscous Poulette: ces extravagances bien prussiennes semblent incarner une façon d'exorciser les démons qui rongent les générations de l'Après-Guerre.
J'avais lu quelque part que Gunter Grass était l'un des premiers auteurs à rompre avec cette culpabilité...
Moi aussi j'aime bien Janis, ça me ramène bien loin dans ma jeunesse :P Ce serait de ta part de nous gratifier d'un billet sur elle.

Il y a une invit pour toi sur mon blog. Le fameux questionnaire de Procuste, il me ferait plaisir d'en savoir un peu plus sur tes lectures favorites et détestées. Je viens juste d'achever mon billet. C'est amusant tu verras.

Bloguement votre,

B. Damage

Tschüss

Couscous Poulette a dit…

Chers Zazie et Brain Damage, étant en période on ne peut plus kouk-esque, je me refuse à vous imposer ma mauvaise humeur. Hors de question que ce blog devienne une benne à idées noires, ou déversoir négatif de quelque sorte que ce soit. Je tiens à apporter de la joie et de la bonne humeur, ce qui se résume à envoyer des ondes positives (bis repetita).
Donc, une fois mon sourire le + éclatant récupéré de hôôôôôôte lutte, çàd dès ce soir (iwa, soyons optimistes! :) ) je vous reviens avec un commentaire en réponse à vos coms très gentils et flatteurs :)
A tonight.

Couscous Poulette a dit…

Zaz : Merci Mamzelle Zazette pour les compliments ! Je n'en pense pas moins de tes écrits, notamment pour ton style et toutes tes références qui me parlent ! En plus, une fille pas mesmouma et avec de la gouaille, ça se fête ! :)

En ce qui concerne la grande Duduche de Janis, elle ne sera pas forcément la reine du prochain post (je pensais plutôt à vous répondre sur le questionnaire de Procuste), mais je m'étais promis de parler d'elle depuis que je blog.
Pour ce qui est de "la vie des autres", j'en ai entendu parler because dernier Oscar du meilleur film étranger, mais pas encore vu. Faut que je mette la main sur mon dealer, la liste des films à voir s'agrandit de jour en jour ... (dont Wild at heart avec un Nicolas Cage avec tous ses cheveux, yak ? ;) )
Goodbye Lenine est excellent et a, d'ailleurs, signé ma réconciliation avec les prod. allemandes.
Pour la rareté de mes posts, je rentre le soir explosée et explosive, et l'inspiration s'en fait ressentir. D'où des posts généralement week-endien :)
A+ ;)

Braindamage : Merci ôssi :)Le régal est partagé de ce côté-ci de la frontière, notamment pour les aventures de ton inspecteur loubard !
Pour ce qui est de l'exorcisation, tu ne crois pas si bien dire. Klaus Kinski "serait" devenu un peu maboul à cause des traumas de la guerre (pour info, il était enrôlé dans l'armée hitlerienne).
Enfin, Procuste je m'y met as soon as possible ! Ceci dit, mon profil est déjà un baromètre en soit.

Loula la nomade a dit…

Bonjour,
Alors là chapeau bas! Je découvre ton blog via LadyZee et je suis contente de lire un billet sur Klaus, Klaus et Nina. Jeune, très jeune j'étais allée voir dans un des ciné clubs de Casablanca un film dont le titre m'échappe avec Klaus Kinski. Puis, je l'ai revu dans d'autres durant ma jeunesse à Montréal.
1987, j'ai découvert en même temps que le grand A, la voix de Klaus Naomi. Les heures passées à écouter Total Eclipse of the Heart ou d'autres morceaux. Premier appartement, premier grand A et découverte vocale hors du commun.
Nina, je la connaissais un peu avant Naomi car même si n'ayant jamais été punk ou encore alternative music:-) l'endroit où je passais le clair de mon temps (Le Café Campus sur Queen Mary et Décelles, plus maintenant malheureusement trop de bruit pour les habitants du coin)la passai souvent en soirée. Ces deux avec leur bagage musical classique ont réussi à sortir des sentiers battus et innover.
Bref, beau billet, beau blog. Je découvre une autre blogma qui m'enchante vraiment, je crois que je vais changer ma liste de liens dans pas longtemps:-)
Mwah

Couscous Poulette a dit…

Mmmm, Queen Mary et Decelle ... Ce qui laisserait supposer que soit tu étais à l'UM, soit à HEC :) Côte des Neiges a un peu changé ces derniers temps, mais il a toujours cet aspect panach' culture que j'ai aimé à Montréal. Enfin, durant mon court passage :)
Sinon, pour en revenir aux 3 héros du post, et notamment les musiciens, ils ont effectivement réussi à sortir des sentiers battus et à créer leur propre univers.

Je te lisais déjà à Montréal mais à l'époque je ne blogais pas et je devais être timide :) Et puis citer Leonard Cohen, montréalais de naissance et baroudeur dans la vie, ça me met tout de suite en confiance ! Sans parler de la poétesse en question ... ou de fédérations internationales des gros branleurs.

Anonyme a dit…

Je ne connaissais pas cet endroit, et je sais que j'avais tort. En plus, ca parle de Kinski, l'acteur qui se la racontait le plus sur terre; mais tellement genial en bossu-bouseux dans "Pour quelques poignée de dollars", en conquistador fou dans "Aguirre, la colère des Dieux" ou en mec complètement timbré dans "Fitzcaraldo"...
Allez, je continue ma lecture.
I'll be back...

Couscous Poulette a dit…

to Mehdi : Marhba :) Klaus a fait de son côté maboul une marque de fabrique, exploitée et surexploitée, et dans la vie et dans les films. Mais ça n'empêche que au-delà du côté détestable, il n'en reste pas moins attachant.

cagliostro a dit…

Dans le cadre de l'amitié franco-allemande je conseille le groupe Kraftwerk (pionniers de la musique électronique) et Propaganda (même si ils chantent en anglais).