dimanche 1 juin 2008

Yop attack !

Cette semaine, j'ai fais connaissance avec une petite demoiselle ivoirienne qui communique par bulles interposées. Et en VO ivoirienne s'il vous plaît !
Aya de Yopougon est le personnage central d'une BD, en 3 tomes, qui a fait grand bruit au festival de la BD d'Angoulême, il y a 2 ans.



Jeune ivoirienne de 19 ans, Aya vit dans le quartier le + peuplé d'Abidjan baptisé Yopougon, ou Yop City. Elle ambitionne des études sérieuses pour éviter la trilogie des 3 C qui sévit parmi les adolescentes du quartier : Coiffure, Couture et Chasse au mari. On est en 78, donc le quartier vit dans l'insouciance d'une époque où ma petite entreprise ne connaît pas (encore) la crise : peu de chômage, pas de Sida, pas encore de putschs. Le pays vit encore ce que l'on appelait "le miracle ivoirien".


Actrice d'un Yopougon plutôt joyeux, Aya observe le monde qui l'entoure, ce quartier et ses mini-drames qui prêtent plutôt à rire.

Ses amies, Adjoua et Bintou, beaucoup moins sérieuses, ne pensent qu'à gazer (faire la nouba), en courant le génito (jeune "coq", dragouilleur, flambeur bling bling) et en allant remuer du tassaba (je vous laisse deviner) dans les maquis (restos discothèque).

Une dolce vita un peu inconsciente, mais bien de leur âge, qui a parfois des conséquences !
Adjoua verra son ventre s'arrondir au fil des jours, et un point d'interrogation répondra à la question "qui est le père ?". L'enquête démarre et les méthodes d'investigation sont pour le moins originales. Photo du bébé à l'appui, les parents d'Adjoua feront la tournée des jeunes mâles du quartier à la recherche d'une ressemblance physique.

La trame de fonds est celle que vous venez de lire : une post-ado, son quartier, sa famille, ses choix, noyée sous une tonne de vitamines E et de rires en cascade ; et les mains qui n'en peuvent plus de bloquer une page pour se ruer sur le lexique en fin d'ouvrage.
Mais Aya ne se résume pas à un folklore africain avec ses pagnes et ses proverbes très brut de décoffrage mais hi-la-rants. Aya est surtout une jeune fille du tiers-monde, dans une époque encore relativement insouciante, déterminée dans ses choix, et qui jongle avec les traditions, les parents, les normes sociales, pour se frayer son propre chemin de vie.
Une belle âme et une Afrique qui tord le cou à cette vision post-coloniale condescendante que l'on nous tambourine à longueur de JTs. Donc à engloutir d'une traite !

Aya m'a également interpellé avec son Nouchi, un peu l'équivalent d'une darija ivoirienne, dont vous avez eu un aperçu un peu plus haut. Cet argot, véritable langue dans la langue, matérialise justement toutes les influences d'un pays aux racines fortes, ancienne colonie française, mais qui s'abreuve aussi de l'actualité pour inventer des expressions ou des mots.


Ce qui donne, entre le sourire et la sagesse :
Vas parler ça à l'ONU : Causes toujours, tu m'intéresses !
L'oeil qui a vu tarde à apprécier : celui qui a de l'expérience ne juge pas à la va-vite
Le célèbre Si tu empruntes le chemin de je-m'en-fous tu vas te retrouver au village de si-j'avais-su.
Ce n'est pas parce que l'éléphant a maigri que le chat va s'amuser à porter son caleçon.
Faroter : Frimer avec de la contrefaçon
Gaou : une personne out, pas branchouille
Beko : un bisou
Si quelqu'un est Goudri, c'est qu'il est pompette
Sans dessus dessous n'a pas la signification que vous lui connaissez. Elle s'emploie ici pour désigner une fille à la tenue aguicheuse, type sans dessous.
Si c'est Pozy, c'est que c'est cool
Et ma préférée : pour parler de système D abidjanais, on dit "Abidjan, c'est technique!" ;)


En attente du Père-Noël en chef pour réceptionner les tomes 2 et 3 !
Ceci dit, la version sur grand écran est en préparation (sortie en 2011, de quoi voir venir). Décidemment, Persépolis a créé des vocations.


4 commentaires:

Anonyme a dit…

j’ai l’impression que ton nouveau trip c’est l’afrique so whats the next destination!?!!!! ;) les deux pere noel sont coinces avec ta requete, tu pouvais pas demander un truc plus facile
Mi ton oeil

Anonyme a dit…

L'Afrique, C'est Chic! ;)

Couscous Poulette a dit…

My eyes : Vu que je suis à fonds dans le trip mamma Africa, chouf avec le père-noël s’il veut bien te sponsoriser un Sénégal, qu’on aille pratiquer ta théorie du zoom zoom zen ! ;) Vas profiter de tes père noël avant de me les rendre, vas au lieu de râler.

U2Ber : Mmmmmmm, je sens que mon joker a réveillé ton démon du jeu, U2Ber. L’Afrique/Le freak c’est chic, on brouille les cartes ?
Je sais que cette règle n'existe pas, mais je préfère qu'on me montre une carte supplémentaire avant de miser.
La partie peut aussi se dérouler en privé.
S. :)

Anonyme a dit…

Toute règle a son exception! :p
Invitation retenue,
et avec plaisir, Mademoiselle... :)