Deux variations autour d'un même thème :
La guerre selon Charlie Wilson et
La vie des autres.
Un dvd et les ressorts d'un ciné, pour 2 leçons d’histoire sur le socialo-communisme et dommages collatéraux affiliés. L’un est un point de vue hollywoodien, avec tout le cortège de stars et de leçons de morale du grand capitalisme que cela implique. L’autre est un point de vue germanique, près de 20 ans après la chute du mur.
Et après vision des 2 œuvres, un point à rien pour l’Allemagne.
Commençons par la moins bonne nouvelle.
Charlie est un divertissement qui se voit avec plaisir, mais sans grand enthousiasme.
Tom Hanks incarne un congressman texan (le Charlie en question), et philanthrope new wave : beaucoup de vices sympathiques (la picole et le goût des jolies filles, tous 2 consommés à outrance), mais un « humanisme » qui transcende le côte diablotin.
Au cours de ce que l’on appelera, grosso modo, une orgie (1), Charlie visionne un reportage sur la 1ère guerre en Afghanistan, lors de l’envahissement du pays par l’armée rouge. Il se pique d’intérêt pour le sujet, poussé en cela par Joanne (alias Julia Roberts), une amie de longue date, riche sudiste et
mac carthyste sur les bords, et par une visite choc dans les camps de réfugiés afghans au Pakistan. Afin de réunir des fonds pour armer la résistance afghane, Charlie réuni autour de lui sa bande de pieds nickelés : Philipp Seymour Hoffman en agent de la CIA bougon (thumbs up!), Julia Roberts, un agent du Mossad, un politique égyptien (vous noterez l’alliance sensée être « contre-nature »), et de loin, le général Zia en personne (zigouilleur de Bhutto père).
La scène qui tue : Charlie, en mode Tintin au Pakistan, et pas encore aguerri au BA-BA de la diplomatie, est reçu au palais présidentiel par Zia. En réponse au président qui lui demande quelle type d’aide l’état américain pourrait lui fournir (pour contrer l’avancée de l’armée russe en territoire afghan, qui pousse des milliers d’afghans à se réfugier aux frontières pakistanaises), Wilson lui rétorque : « je m’exprime au nom de mes électeurs du 2ème district du Texas, pour vous dire que nous sommes de tout cœur avec vous ».
Ce qui, vous en conviendrez, lui fait une belle jambe !
Après moult péripéties, Charlie réussi à lever des fonds colossaux pour armer les moudjahidins et à bouter du russe hors des frontières afghanes.
Morale de l’histoire : il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait.
Ce que je retiendrais le plus de ce film c’est que : Tom Hanks et Seymour Hoffman sont de très bons acteurs, que le vernis rouge sur ongles longs et les rôles de bourgeoises peroxydées ne vont pas bien à Julia Roberts (cette grande fille saine !), que je soutiens mordicus que Hanks s’est inspiré de Larry Haggman (J.R dans Dallas) pour son rôle de texan (même la ressemblance physique en devient frappante), et bien sûr
l’histoire du maître zen.
Le caillou qui reste coincé dans ma chaussure c’est le fait d’exagérer le côté « mal absolu » de l’ex bloc russe, de cet espèce d’anti-communisme primaire présent dans le film, face à une Amérique bien pensante, altruiste, et généreuse de ses deniers, en la personne de Charlie Wilson.
Tout cela prend des airs de « La politique étrangère pour les nuls », et en accusant le communisme de sauvagerie, c’est un peu se foutre du monde quand en terme de Vietnam, d’Irak et de soutiens à des états hors-la-loi ou dictatoriaux, on n’a de leçons à donner à personne.
Oscar du meilleur film étranger 2007 ( au détriment de Indigènes, mais bon, c’était de bonne guerre) et tout ça et tout ça …Mais ce film est surtout une critique beaucoup plus fine du communisme étatique, et de l’héritage vicié du camarade Lénine.
Une belle analyse de l’âme humaine : personne n’est jamais totalement noir ou totalement blanc.
Le pitch : La RDA vit ses dernières années avant la chute du mur, mais ne le sait pas encore. Pour l’instant, la liberté d’expression se résume à vanter les louanges du socialisme et les fantasmes à passer à l’Ouest … mais la Stasi rôde et cloue les becs des récalcitrants !
Et "Les murs ont des oreilles".
Dans cette ambiance générale on ne peut plus morose, l’écrivain de pièce de théatre Dreyman aime son actrice fétiche, Christa Maria Sieland, qui le lui rend bien. Dreyman fait dans le politiquement correct, ce qui lui vaut de pouvoir jouer ses pièces sans être taquiné par le régime. Le ventripotent ministre de la culture (aaaah la vision de ce slip mou dans la scène de la Volvo !), Hempf, veut l’actrice. En tant que gros ponte de l’Etat, il met Dreyman sur écoute dans l’espoir d’une parole ou d’un événement compromettant qui pourrait servir « ses sombres desseins » (il est des expressions qu’on est obligé d’utiliser).
Pour cela, le plus fin limier de la Stasi, Wiesler, est mis sur le coup. C'est un beau spécimen de psycho-rigide, à la vie tristouille sur mode
Trabant-boulot-dodo.
Et c’est là que la plus belle partie du film commence. A force d’espionner Dreyman et sa compagne, Wiesler s’ouvre à un monde qui lui était inconnu : l’esprit critique, la dénonciation des méfaits du régime, l’amour … et cette vie par procuration fait que le bourreau se prend d’affection pour sa victime, et finira par lui sauver la mise.
Tous les personnages qui ne sont pas liés au monde artistique ont des mines austères, à quelques exceptions près, et on finit par se dire que Berlin Est tirait vraiment du sanatorium à ciel ouvert.
Et puis les événements s’enchaînent, et le suspense va crescendo … du coup, on ne parle plus à personne jusqu’à la fin du film ! ;)
Mais là où je donne vraiment ma voix, c’est que l’on évite de tomber dans les clichés d'un Charlie Wilson. Martha Gedeck est d’une classe folle, la chemise blanche entrouverte va beaucoup mieux àSebastian Koch (Dreyman) qu’à BHL, et Ulrich Mühe (Wiesler) ressemble étrangement à Kevin Spacey.
Mais au-delà de ces 3 lignes, tous les acteurs sont excellents, la psychologie des personnages est finement abordée, et tout cela conforte les amateurs de cinéma européen.
Dans un style plus léger traitant de la RDA /post RDA, Goodbye Lénine m’avait vraiment enchanté … mais là, je dis vraiment chapeau, et m’empresse de prêcher la bonne parole autour de moi :)
(1) c’est une orgie grand public hein … càd qu’on voit 2 paires de lolos, la face cachée de T. Hanks 2 secondes, et que tout ça est caché dans les bulles d’un jacuzzi. On est loin des Marc Dorcel Productions … que je n’ai jamais visionné, je tiens à le préciser ici bas !