Questionnaire de Procuste … en d’autres termes, quelles sont les quatrains littéraires qui m’ont bercé, ceux qui trônent actuellement sur ma table de chevet, ou enfin, ceux que mes doigts feuilletteront dans un futur plus ou moins proche, tandis que j’adopterais ma pause mauresque favorite (cf héroïnes des tableaux orientalistes). Trèves de blabla introductif, voici donc les réponses en bonne et due forme, par packages de 4.
Les quatre livres de mon enfance
- Marcel Pagnol : La gloire de mon père et Le château de ma mère ont signé mon introduction à la lecture. Sans oublier les magnifiques leçons de vie de mon père en fonds sonore, à la lecture intensive de Topaze (ou le réveil des niais).
- Le mystère de la chambre jaune, les Agatha Christie et Cie, n’en déplaise à certains Braindamage de leur ptit nom. Autant de lectures policières qui font qu’aujourd’hui, je suis devenue un de ces êtres détestables avec qui on ne peut pas regarder un film à la Cluedo sans qu’ils vous énoncent toute la liste plausible des assassins. Indice : cherchez toujours la personne la moins évidente (le serviable de service, un déjà mort, le narrateur ...).
- Mafalda … j’adore Mafalda
Les 4 auteurs que je lirai et relirai encore :
- Le Prophète de G. Khalil Gibrane, que d’ailleurs, je picore régulièrement
- Amélie Nothomb : depuis les piques assassines de Hygiène de l’assassin, j’ai régulièrement besoin d’un vaccin de rappel.
- Daniel Pennac : pour la gouaille, pour le Belleville de l’auteur, pour les us et coutumes de la famille Malaussène, pour toutes les expressions trésor qui m’on longtemps trottées dans la tête (« mes cheveux se sont dressés autour de mon cœur », « la vendeuse …a la gentille tête d’un écureuil qui aurait conservé ses noisettes dans ses joues »). L’auteur crée une connivence avec son lecteur qui sourit toutes les 2 pages, un de ces sourires complices qui signifie « ok, j’ai compris ton jeu de mot ».
- Spontanément, j’aurais dis Amine Maalouf, mais ces derniers temps, ses écrits m’ont moins transporté. Alors, je le poignarde frontalement et je vais le tromper allégrement avec Gabriel Garcia Marquez ; d’ailleurs, Mémoires de mes putains tristes n'en peut plus de me faire des appels de phare répétés depuis ma biblio.
Les 4 auteurs que je ne lirai probablement jamais
- BHL (pensée Béchamel comme le relevait si bien une chronique des Inrocks). Il a déjà été cité en réponse, par Label Ash, mais en même temps je le pense
- Les auteurs à écriture prétentieuse, pompeuse, plus les brouteurs de Lexomil, type Virginie Despentes. Ma curiosité pourrait éventuellement me pousser à lire les 10 premières pages, mais au-delà, je fais un blocage féroce sur les écrits qui légitiment les tendances suicidaires d’un certain microcosme lectorale.
- Betty Mahmoudy, auteur de Jamais sans ma fille. Je ne ferais pas gagner le moindre kopek à cette dame. Cet ouvrage a enfoncé le clou d’une image des musulmans en Occident, déjà bancale.
- Arno Klarsfeld : Je n’aime pas ce type. D’ailleurs, il légitime mon dégoût à chaque fois qu’il commet une interview.
Quoique l’excès du terme « jamais » me turlupine. Vous savez, ces histoires de fontaines dont l’eau pourrait être bue un jour …
Les 4 auteurs que je ne lirai probablement PLUS jamais
- Tous les pervers qui ont rédigé les manuels scolaires de physique-chimie, trauma sévère du lycée !
- Agatha Christie : J’en ai fais le tour avant mes 18 ans, pour passer à des lectures plus « nourrissantes ».
- Dan Brown : J’ai lu en catimini le Da Vinci Code et j’ai été déçue. Tout ça pour ça.
Les 4 premiers livres de ma liste à lire ou à relire
- Enfin m’initier à Yasmina Khadra, en commençant par l’Attentat. Ben oui, j'ai un train de retard :)
- Fatima Mernissi, parce que le Maroc a aussi ses féministes. Et toute douce, par dessus le marché.
- Mon nom est rouge de Orhan Pamuk. Tout ce qui touche à l'Age d'or de l'Islam, je dévore à pleine dents. Ce bouquin a en plus l'avantage de l'originalité de la narration (point de vue de la victime qui git au fonds d'un puit) .
- Marche ou crève, de Stephen King . Je me souviens de 2 stations de bus ratées tellement j’étais immergée dans cette histoire de 100 marathoniens dont il ne restera qu'un. J’aimerais m’assurer qu’il méritait vraiment le souvenir.
- Au bonheur des Ogres : Pennac, toujours un délice
- Le livre noir de Orhan Pamuk (je l’ai démarré il y a … un an, je crois)
Une lecture quadruple ? C’est-y dieu possible ?
Les 4 livres que j’emporterais sur une île déserte :
- Le Prophète
- Tous les Rolling Stone magazine (avec couv’) depuis 1967
- Au choix 10.375 plats à base de noix de coco ou Guide de survie en milieu hostile
- Construction de radeau for dummies
Par honnêteté intellectuelle, je tiens à préciser que j’ai rédigée ceci avant de lire la réponse de Lato Sensu, ce qui en plus de BHL, en doublon avec Label Ash, commence à faire beaucoup. D'où mon questionnement suivant : est-ce une question de références communes ou de hasards ?
Les premiers mots d’un de mes livres préférés
African Psycho de Alain Mabanckou, n'est pas mon livre préféré du tout. C'est mon coup de cœur « jaquette » le plus intense, à la hauteur de ma déception à la lecture de l’ouvrage. Abandon fracassant au bout de 70 pages pour cause de classement dans ce que j’appelle, les lectures masculines : une tonne de sexualité agressive et de références aux premiers émois amoureux adolescents. Bref, ça ne me parle pas.
« J’ai décidé de tuer Germaine le 29 Décembre. J’y songe depuis des semaines parce que, quoi qu’on dise, tuer une personne nécessite une préparation à la fois psychologique et matérielle. Je crois à présent être dans un état d’esprit même si je n’ai pas encore choisi le moyen avec lequel j’accomplirai mon acte. C’est désormais une question de détail.
Je préfère sur ce point pratique me laisser une marge de manœuvre et ajouter ainsi une dose d’improvisation à mon projet.
Non, je ne cherche pas la perfection, et loin de moi cette idée. En réalité, je n’aime pas prendre à la légère ce que j’entreprends, et ce n’est pas un meurtre qui me ferait changer ma façon de concevoir les choses… »
Les derniers mots d’un de mes livres préférés
Pas de derniers mots en tête. Par contre j’ai adoré cette tirade dans Mr Malaussène, très exactement à la page 329 :
« D'où ça te vient cette religion de l'amour, Benjamin ? Où est-ce que tu l'as chopée, cette vérole rose? Petits cœurs qui puent la fleur ! Ce que tu appelles l'amour...au mieux des appétits ! Au pis, des habitudes ! Dans tous les cas, une mise en scène ! De l'imposture de la séduction jusqu'aux mensonges de la rupture, en passant par les regrets inexprimés et les remords inavouables, rien que des rôles de composition ! De la trouille, des combines, des recettes, la voilà la belle amour !
Cette sale cuisine pour oublier ce qu'on est ! Et remettre la table tous les jours ! Tu nous emmerdes, Mallaussène, avec l'amour ! Changes tes yeux ! Ouvres ta fenêtre ! Offres-toi la télé! Lis le journal ! Apprends la statistique ! Entre en politique ! Travailles ! Et tu nous en reparleras de la belle amour ! ... »